L’odeur du tilleul

Un papillon est venu mourir devant ma porte hier, cela m’a rendue un peu triste j’ai vu ses ailes flétrir et des insectes se nourrir dans son abdomen… J’ai pris mon balai et je l’ai mis dans le compost. C’est l’été, Saskia est partie avec Peppa et son cousin Herran chez leur grand mère dans les landes. Je me retrouve donc seule avec les chattes, seule avec le silence qui n’est pas déplaisant ni lourd. Un silence que j’habite avec joie.

Je suis en lune de miel avec moi-même. Je me découvre et m’apprécie je n’ai besoin que d’une chose, mon travail, c’est exaltant.

Au réveil un peu fourbue parce que je dois dormir avec deux chatons et leur mère, je ne me souviens pas de mes rêves. Juste de quelques images comme une réminiscence vague, comme le parfum des tilleuls en fleurs. Comme s’il ne restait que cette fragrance délicieuse et entêtante mais rien de l’arbre de sa forme de sa présence: tronc et feuilles. Comme si la consistance du rêve m’échappait.

C’est l’été… Ceux qui ont lu mon blog depuis longtemps savent combien cette saison est difficile pour moi. C’est la période de l’éclat maximum de la lumière et par conséquent de la présence menaçante et compacte de l’ombre qui dévore les esprits sensibles tels que le mien. Alors j’essaie de contenir mes angoisses et j’étouffe mes sanglots avec soin. Ce n’est pas si difficile finalement. D’autant que cette année l’été n’est pas vain, je ne suis pas en vacances. Mon temps est plein. Je prépare l’exposition qui sera effective le premier Septembre.Le vernissage lui se fera dans la première quinzaine la date n’est pas décidée.

L’océan me manque je ne peux pas dire le contraire mais je dois me contenter de ce que j’ai entre les mains.

J’arrive au stade ou le travail est difficile pour moi. Parce qu’en fait ce que j’aime le plus dans la vie c’est chercher expérimenter et imaginer. Sans avoir d’objectif trop contraignant ni concret. Je pense que je l’ai déjà dit mais vraiment j’ai un tempérament de chercheur celui qui travaille seul dans son « atelier laboratoire » loin du monde et de ses rumeurs, loin du regard des autres de ce que je peux représenter aux yeux du monde. Jouer mon rôle d’artiste ne m’apporte aucune jouissance. C’est mon travail qui doit me représenter pas mon enveloppe charnelle. Hélas les lois sociales ne sont pas faites ainsi. Et c’est à moi de me plier de jouer le jeu. Et puis je ne vais pas me mentir: j’arrive à un stade ou j’ai besoin d’un minimum de reconnaissance, au moins de la part de mes pairs.

Je suis au pied du mur et il faudra bien que j’honore ma part du contrat avec les Simones, avec Katia surtout qui m’a appelée il y a quelques jours et qui va me venir en aide pour finaliser mon projet d’installation. Avec Françoise qui m’a également appelée de Bretagne pour poser les dates accrochages, vernissage décrochage.

On pose le cadre c’est bien.

C’est si peu en fait cette exposition…. C’est juste quelque chose qui me tient à cœur mais qui n’a d’importance que pour moi. Je réfléchis constamment à la place de l’artiste dans le monde. Nous sommes sur la crête des vagues houleuses à en observer les nuances retranscrire les transparences, nous sommes des observateurs. Mais finalement nous ne changeons rien …

J’aurais aimé faire quelque chose d’utile, le monde va si mal et j’ai peur pas pour moi j’ai bien vécu mais pour ma fille est ses acolytes … Je n’arrive pas à « oublier » je n’arrive pas à me dire:  » tu exposes enfin ça fait 18 ans que cela n’est pas arrivé, c’est ce que tu attendais non, c’est génial ?!! »…. Oui oui c’est ce que j’attendais, et c’est bien non c’est plus que bien , c’est le but ultime de mon travail journalier solitaire. Mais je sais aussi que c’est vain. Il faut garder les pieds sur terre, le souci de la réalité.

Juste un grain dans l’univers Carolina , n’oublie jamais.

VDf … J’ai cherché un autre nom et rien ne vient alors j’abandonne et je garde VDf, ce sont des initiales avec des majuscules et une minuscule, c’est moche neutre et signifiant. Cela me convient. Et puis il y a le nom de l’artiste posée sur l’affiche lequel choisir : Carolina Diomandé, Carolina Diomandé la peintresse Ka ou Peintresse Ka tout court?

Si je choisis Peintresse Ka je désobéis à l’injonction paternelle du Grand Rêve ….

Et merde, je n’arrive pas me décider. J’ai découvert tardivement que je n’avais pas autant de caractère que je croyais car je m’étais érigé une armure flamboyante pour me protéger. Je suis une personne qui a beaucoup de mal à se décider, à s’affirmer à imposer ses vues. Dire non est une torture mais j’ai décidé que dans la prochaine décennie si Dieu me prête vie ce sera l’objectif premier. Il est important de se respecter soi même afin de respecter les autres c’est ce que je désire transmettre à ma fille.

Mais je m’éloigne! Ce que j’ai fait pour l’exposition : L’inventaire global de tout ce que je veux montrer. Ensuite j’ai créé une quarantaine de petits formats en acrylique et linogravure, c’est terminé verni et marouflé sur du carton solide d’encadrement. Ces tableautins seront exposée en bas (côté boutique) et mis à la vente mais ce ne sont pas des objets qui n’ont aucun lien avec VDf, ils s’intègrent totalement dans l’œuvre montrée en haut par les teintes et dans le thème du féminin. Je ne sais pas qui voudra acheter une linogravure représentant un clitoris, mais bon je n’ai pas envie de m’embarrasser d’une pudeur ridicule. Même ma mère connait cette forme ludique alors ça devrait passer … Il me reste à créer un catalogue d’exposition pour les tentures du haut (pas la grande elle n’est pas à vendre).

J’ai trouvé une idée pour accrocher les tentures j’ai toujours aimé les cintres en fer ces formes simplistes et efficaces renvoient naturellement au monde domestique quand le linge est propre qu’on l’a étendu pour qu’il sèche et qu’on l’a repassé (moi je passe cette étape chronophage), on termine par le pliage et le rangement dans une armoire en pile ou bien sur cintre.

Les tentures seront donc dans la mesure du possible montrées avec ce dispositif simpliste et humble soit contre les parois ou bien légèrement flottantes à quelques distances du mur pour obtenir un effet aérien.

Pour la tenture je donne ma langue au chat et à Katia ,on va essayer de trouver un dispositif ensembles elle m’a promis qu’on se donnerait les moyens de mettre en oeuvre une idée spectaculaire qui surprenne le spectateur je suis d’accord je lui fais confiance. Elle est douée et son imagination est sans limite.

Il me reste à envisager l’accrochage des 63 poupées j’ai quelques idées que je compte mettre en œuvre cette semaine puisque je suis toute seule. Je pense à des formes ovales en fil de fer solide sur lesquelles seraient pendues les poupées par du gros fil de pêche, tiens merde faut que je trouve du fil de pêche….

Il faudra trouver un espace pour les 5 tableaux format raisin qui sont prêts et brillant de vernis et les calebasses que j’ai peintes en gris coloré (j’ai trouvé un mélange qui me plait énormément: titane buff clair, ocre rouge et bleu indigo) .J’ai l’impression que je n’en ai pas fini avec cette demi teinte subtile et modeste qui met en valeur tout ce qui l’approche. Le gris est présent pour faire le lien avec la « non couleur » des lingettes qui furent ma première source d’inspiration et de désir. Michel Pastoureau dit que le gris est la couleur de l’ombre.

Les femmes ne sont elles pas souvent dans l’ombre n’ont elles pas été invisibilisées jusqu’ici ? Alors oui le gris me sied comme le symbole de nos conditions. Par mon regard j’extirpe le côté neutre et ennuyeux de cette teinte en la rendant chaleureuse riche et multiple.

Le pire pour la fin?! Il me reste à finaliser le texte de présentation et je dois également faire des photos dignes de ce nom j’espère que mon appareil photo fonctionne encore au dernières nouvelles il se déchargeait très vite. je me donne jusqu’à la fin de cette semaine.

J’espère que dans mes lecteurs certain(e)s viendront voir l’exposition « in situ » … Je vous invite chaleureusement.

I’m a late bloomer…

L’effort paie c’est ce qu’on dit aux enfants mais les enfants préfèrent jouer et ils ne comprennent pas. J’ai longtemps été une enfant je dirais même que j’ai gardé mon âme d’enfant et le sens de l’effort, du travail je l’ai acquis tardivement. Tout semblait facile.

Passé: J’ai brulé ma vie pour vivre des sensations éphémères et dangereuses j’en avais besoin. Un jour je me suis fracassée en plein vol me retrouvant à terre alors là oui d’un coup j’ai compris. Aujourd’hui tout ça est loin et j’ai vécu plus longtemps après le fracas qu’avant ce qui est en soi une vraie performance. Je dirai que mon art c’est avant tout de rester en vie cela prend beaucoup de temps et ce n’est pas spectaculaire.

Présent: nous sommes en Juin 2021, et le temps est très chaud, au fond de l’horizon je vois de gros nuages en forme de champignons nucléaires, volutes de chantilly bleutées tirant sur le gris. J’aime tellement regarder le ciel il vous remet immédiatement à votre place de grain dans l’univers.Radical. Vous avez essayé de peindre des nuages?

Rappel: il y a quelques mois pour le jour de mon anniversaire Katia m’a appelée et m’a annoncé que j’étais choisie pour faire une exposition chez les Simones… Impossible d’imaginer un plus beau cadeau que celui là, Katia, son sourire malicieux et sa voix chaleureuse. Nous avons la même vision du monde un peu douloureuse et remplie d’espoir. C’est elle qui est venue me chercher, me pousser dans mes retranchements, qui m’a persuadée que je pouvais le faire que c’était le moment… Allez fonce!

J’ai commencé à regarder mon projet VDf de manière globale et j’ai listé ce que je devais finir sur quoi je devais réfléchir. Depuis j’y travaille tous les soirs je ne vois pas trop le paysage, je fonce tête baissée afin d’être au maximum de mes capacités pour Septembre. Car cette exposition commencera début septembre.

Mais quel bonheur.

Pas d’exposition depuis Décembre 2003 … J ‘ai créé bien sûr, je ne suis pas restée les bras croisés bien au contraire mais, je n’ai plus eu l’occasion de montrer mon travail dans de bonnes conditions. J’ai fait des décors pour des spectacles de danse, j’ai créé un mandala pour une performance de paix et de concorde à Saint Macaire justement, avec une professeur de danse indienne Karine une femme adorable. J’ai fait ce que j’ai pu dans les limites de mes possibilités. Jamais assez à mon gout avec toujours cette sensation de frustration permanente. Comme si le temps jouait contre moi. Le temps de la féminité avec ses journées à rallonges, toutes les tâches à accomplir pour les autres, le sacrifice permanent de soi, de son être profond. Sans jamais la moindre gratification pour ce sacrifice consenti.Comme si tout ce que nous faisions pour les autres était un dû.

Genèse du projet VDf : c’est arrivé comme un coup de tonnerre, j’avais pris la sainte habitude de travailler tous les soirs chaque jour de la semaine du mois de l’année. ceci depuis Janvier 2013 l’année de mes cinquante ans. J’étais épuisée mais je ne lâchais rien. C’est alors que Saskia est rentrée du collège et me l’a annoncé: Nathalie sa professeur de danse avait été victime d’un féminicide brutal. Nathalie était morte parce qu’elle voulait vivre, partir. Ainsi non seulement les femmes se doivent de prendre tout en charge de se sacrifier, mais elles n’ont pas le droit de décider de se libérer du joug. Elles ne s’appartiennent pas en fait, elles sont objets et non sujets. Un homme peut décider qu’elles ne vivront pas sans lui, hors de lui.

Est ce qu’une femme peut commettre ça?? Oui il y en a forcément mais je crois que c’est au alentour de 3 pour cent, tout à fait anecdotique au regard des meurtres perpétrés par le patriarcat.

En moi ce fut comme une tornade, un sentiment de colère mêlé de peine immense, de vide de gâchis.Saskia était choquée elle répétait: »pourquoi Maman? »

Oui….Pourquoi?

Je me suis dit « comment je peux faire vivre cette émotion, lui rendre hommage? ». Nous (Nathalie et moi) avions discuté quelques semaines auparavant, assises sur le tapis de danse, dans son studio aux mille glaces. Elle fumait une clope parlait vite de son projet de sa passion du spectacle qui était prévu, très intime très lié à son histoire familiale elle était passionnée et passionnante j’étais charmée. je lui avais montré ma proposition(sous forme d’un gros dossier de croquis), elle avait trouvé cela bien et je m’étais mise au travail joyeuse. Ce n’était pas une amie c’était plutôt une sœur, une femme artiste qui se bat pour exister, mais je ne savais pas quel calvaire elle vivait au quotidien. Chacune avec sa peine bien rentrée, il ne faut montrer que le sourire aux dents bien brillantes et pointues de louve, cacher l’agneau entravé : pudeur.

Alors c’est arrivé « tout seul « comme souvent chez moi. Je réfléchis beaucoup en amont mais sans objet sous forme de prises de notes informelles ou de croquis numériques, de regards furtifs sur la beauté du monde, de larmes salées qui coulent et ruissellent tendrement. Tout peut faire sens, il suffit de faire les liens

J’avais ces centaines de lingettes que je conservais depuis des mois alors j’ai commencé à les assembler en pensant à elle et son sacrifice total, sa disparition insupportable. En fait je la connaissais peu mais elle devenait « Tout »pour moi , elle était à présent dans son absence le symbole de toutes nos frustrations. Je reliais ces petits bouts de lingettes grisâtres ensembles, cela n’avait pas encore de sens, j’en avais juste besoin. Relier, assembler pour comprendre pour donner une signification aux éléments éparpillés à la désintégration symbolique du Monde.

C’est cela oui: Donner du sens à sa mort absurde. Du sens à ma vie minuscule et invisible. J’avais des problèmes aussi dans ma vie personnelle mais pas à ce point, pas au point de craindre pour ma vie, j’étais juste ignorée traitée comme une femme psychologiquement fragile et instable. Comme de nombreuses femmes je me sentais niée. Une année est passée et j’ai continué à coudre tous les soirs ainsi le projet est apparu comme par magie, je ne vais pas en reparler ici parce que j’ai consacré plusieurs posts à expliquer la substance de cette démarche. Vous pouvez y avoir accès ici :

Le grand dais mesurant 8,80 m doublé de toile de métis(lin et coton).

https://lapeintresseka.com/2019/01/19/over-the-rainbow/

et là:

https://lapeintresseka.com/2020/02/19/des-choses-minuscules/

Happy End? J’ai enfin quitté l’homme avec qui je vivais, je suis restée seule dans la maison avec ma grande adolescente de fille. Cela a été très difficile de vivre avec elle la confrontation de femme à femme en devenir. J’étais, je suis le rempart, sa seule référence. Celle qui doit tenir coute que coute contre les vagues qu’elle balance obstinément sur moi. Pas question de me noyer…

Je me suis construite une vie monacale, répétitive qui pourrait paraitre ennuyeuse de l’extérieur mais il n’en est rien, je n’ai jamais été aussi concentrée sur mes buts mes aspirations et cette exposition qui arrive comme un cadeau du ciel…. Je ne cherche pas vraiment à me remettre en couple. Je ne sacrifierai plus rien pour un autre être quel qu’il soit, seule ma fille peut me faire abandonner mon ouvrage quand elle a besoin de moi de mes bras, de mon écoute. Je suis entièrement là pour elle j’ai choisi d’être mère et je l’assumerai jusqu’au bout.

Je travaille chaque jour, je dois peaufiner mes broderies, coudre la doublure affreusement lourde du grand dais de peine, peindre le visage de chacune des poupées qui formeront l’essaim aérien dans un coin de mon installation.Et commencer à envisager « l’artist-stament », le texte de l’exposition les photos pour le flyer toutes ces choses que je déteste gérer (seule la tâche de création m’intéresse ), je ne suis douée que pour ça alors me mettre en lumière… Mais bon je vais y arriver je dois le faire c’est tout. Je n’ai plus d’état d’âme.

Je le vois  » in situ » ce travail de plusieurs années cette réalisation méthodique, modeste, têtue comme je le suis. Dans la belle salle galerie des Simone, la mise en scène je l’ai déjà dans la tête et ça me fait sourire toute seule.

Maintenant j’espère que le public se laissera embarquer dans mon univers, je crois qu’on peut y trouver plusieurs choses à ressentir,enfin… J’espère. Il y a un moment ou il faut lâcher prise, montrer c’est perdre la maitrise.

Louise B me regarde et me sourit. Ok ça va le faire!

Je suis entrain de réaliser mon rêve d’enfant. Plus que jamais. Quand j’étais plus jeune et que j’ai eu l’occasion d’exposer à Paris, Bruxelles ou Toulouse dans des lieux underground et branchés je ne réalisais pas vraiment ce que je faisais là, je n’étais pas complétement satisfaite de ce que je montrais parce que je ne travaillais pas suffisamment. C’était plus une affaire de brio que de démarche réfléchie, de geste intimement vécu jusqu’au tréfonds de mon ventre. Maintenant il est question d’un travail qui abime mes doigts, mes yeux et mon dos.

Un acte libérateur et juste.

Comme quand Nathalie tournoyait en arabesque folle pour montre à ses élèves le mouvement parfait.

Des années de travail pour le tenir ce mouvement là et encore ….

Je suis une femme d’abord oui. Je suis une artiste une peintresse qui se bat pour montrer qu’elle existe hors des sentiers communs. Âgée oui , je suis une fleur tardive: « a late bloomer » comme disent les anglo-saxons. Mais toujours vivante.

Je remercie l’équipe de Simone et les Mauhargats pour leur confiance, je ferai en sorte de donner le meilleur pour que nous puissions partager un moment délicat d’art de poésie.

La beauté du Monde

J’ai beaucoup de mal à m’installer devant mon PC pour écrire un article. Comme je l’ai déjà dit je ne suis pas une artiste « à plein temps », j’ai plusieurs vies et j’essaie de toutes les conjuguer avec sérieux et méthode. En début d’année j’ai décidé de tout terminer,tout le travail en cours. Je ne pensais pas que cette décision aurait autant d’impact sur mon quotidien. Alors j’ai tout sorti, en premier les peintures qui sont en chantier certaines depuis 5 ans. D’abord la série bleue et rose que j’ai commencée à la mort de Pixel Bleu mon ami artiste. Tiens la mort me rend créative, pour remplir le manque? Ma première série « réelle » je l’ai faite en état de choc émotionnel après la mort de mon père en 1994.

Ce matin je me suis réveillée fatiguée, les douleurs du corps qui s’invitent avec insistance surtout depuis que j’ai arrêté de fumer rendent le sommeil morcelé… Les cauchemars, les rêves me réveillent en pleine nuit. Et ce cerveau qui ne sait pas se mettre en veille prolongée. Ce cerveau qui explose d’idées, d’images, de sons et de mots .Et Saskia qui grandit en souffrance aiguë me faisant partager sa peine en m’agressant comme un jeune chat qui mord en jouant, plante ses petites dents fines dans la chair puis se réfugie sous votre aisselle pour faire un câlin. Je garde mes distances émotionnelles comme je peux face à ses accès, question de survie, égoïsme? Non je ne crois pas. Elle fera un jour sa vie  plus ou moins loin de moi et il ne sera pas question de m’accrocher à elle, de lui faire croire que je ne peux pas vivre sans elle. Je dois donc garder le cap: mère certes toujours prête à la défendre l’aider l’aimer l’écouter mais femme active et indépendante aussi, artiste surtout qui a son travail à accomplir, pour moi c’est le plus beau cadeau que je puisse lui faire.

Ce matin chacun vivait sa petite routine ensommeillée en silence, j’avais fini de boire mon thé vert au riz grillé, un délice. J’allais me poser une demi heure sur le canapé pour lire un peu en buvant mon café. Avant je me mettais à faire du rangement dés mon petit déjeuner terminé, maintenant c’est fini je prends du temps pour rêver et lire. C’est vital. La poussière peut attendre de toute façon elle sera là demain quoique je fasse ou pas.J’ai ma tasse en main je pousse les tableaux qui sont posés sur le sol pour aller m’asseoir (je travaille le soir dans mon coin atelier du salon). Ceci pour être près de Saskia et Francis pouvoir bavarder avec eux en peignant, ça ne m’a jamais dérangé et c’est la raison pour laquelle j’ai adoré travailler en squat dans un grand atelier communautaire. La lumière est encore pâle, il fait gris ce matin nous nous levons tous les trois tôt: 06h30. Je pose ma petite tasse de faïence sur la table basse  et je saisis le premier tableau qui est devant moi, je reste debout en pyjama à le contempler…Médusée. Oui médusée je ne vois pas d’autre mot que celui ci, surprise par mon propre travail accompli, en fait aux bords des larmes… La fatigue chronique due aux douleurs, les agressions verbales de ma fille, et ce que je vois, tous ces facteurs conjugués me donnent envie de pleurer. C’est la première fois que je suis »satisfaite » du cheminement de ma pratique, ce que j’observe est fluide, calme, sans effet mais compact comme? Comme un mandala! Le morceau de bois peint dans les mains je laissais couler les larmes salées et j’ai envie de rire. Toute une vie, toute ma vie j’ai couru après cette sensation de plénitude, d’harmonie discrète, de paix et de satisfaction inquiète. Jamais je n’ai pu réaliser ce que je voulais vraiment faire car je ne savais pas ce que je voulais « vraiment ».J’admire plus que tout Francis Bacon, mais aussi Jean Dubuffet, Louise Bourgeois, Georgia O’Keeffe, et le calme d’Henri Matisse…. Tous des artistes « plutôt » figuratifs, enfin ce n’est pas si simple…. Depuis quelques temps je me rapproche de Piet Mondrian, sa solitude sa rigueur sa soif d’absolu sans aucune concession m’attire irrésistiblement….

J’ai beaucoup tâtonné, essayé, me croyant expressionniste je n’ai jamais été satisfaite des mes « débauches » plastiques. J’ai longtemps éructé, craché ma colère, ma violence ma peur de mourir de ne pas enfanter, de finir seule.J’ai eu besoin de cette excitation permanente mais cette forme d’art catharsis ne me plaisait pas au fond, elle parlait trop de moi. Cet art je le trouvais » faible » plastiquement sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi d’ou la frustration permanente et la dépression, les ravages du doute. Et puis l’art figuratif m’a toujours ennuyé.Je peux raconter des histoires j’ai des mots pour ça. L’oeil pense, il panse surtout… De manière subtile. J’ai  passé des heures devant les grands Rohtko du musée Pompidou dans les années 90, je m’enfonçais dans la peinture dans la couleur avec ravissement.

Tout a commencé pour moi en 2013 à cinquante ans, quand j’ai décidé de dessiner tous les soirs, deux années j’ai donc dessiné sans me poser de question. Elles ont été déterminantes pour la suite. Je m’en rends compte aujourd’hui. J’ai la gorge serrée d’émotion. J’ai appris à lâcher prise, à me faire confiance à faire émerger les formes main droite, main gauche sans me soucier de raconter quoique ce soit sur moi sur les malheurs du monde qui m’obsèdent. La lecture du livre de Fabrice Midal « la petite philosophie des mandalas » a ouvert la porte, celle qui m’a menée là ou je suis aujourd’hui près de mon cœur tout simplement.Comme si je n’avais plus peur de me regarder en face, comme si une part de moi pouvait enfin sourire sans arrière pensée, après 50 ans de loyaux combats au service de la survie, je m’autorise à vivre.

Je n’ai pas choisi cette famille picturale, elle m’a tendue les bras. Elle  est exigeante silencieuse, j’ai une conscience aiguë du potentiel peu « séducteur » de ce travail que j’accomplis mais voilà je me suis affranchie de l’envie de séduire , une envie qui peut facilement vous conduire à la ruine je le sais. D’un autre coté, j’ai été dépistée bipolaire il y a deux ans et j’ai refusé la prise de médicaments. Les deux psychiatres qui me suivent ont compris mon choix. Ma médecine: la création et la méditation que j’ai commencé à pratiquer cette année lors d’un stage de pleine conscience organisé par ma psychiatre, une femme qui me fait confiance.Rien n’est plus précieux que ce regard.

Ainsi je parle de moins en moins, et je cherche jour après jour la Beauté du monde.

Carolina Diomandé le 24/04/2018 à 14h.

LE tableau en question issu d’une série de 26, acrylique en aplats avec effets de glacis très fins plus vernis plus collage et transferts sur bois.Maintenant je vais chercher un local pour continuer cette aventure en plus grand!

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Viande et Pixel

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imprenable peinture numérique

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« les amants » peinture acrylique

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« japanlova » travail numérique

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« Barbe Rose le baconien » techniques mixtes

Pourquoi? Pourquoi ce mot d’ordre mystérieux? Est ce qu’on peut mélanger de la viande avec des pixels et qu’est ce que ça peut donner comme recette ??

Je prends des notes très souvent sur l’un de mes carnets de recherche et c’est en écrivant un soir que les deux mots sont sortis de ma plume, se sont déposés sur le papier le plus simplement du monde: viande et pixel…Ce cocktail improbable  représente bien mon travail artistique. J’ai relu mes notes et j’ai scandé à voix haute : »viande et pixel » cela m’a fait sourire alors j’ai décidé de creuser autour de ça. Plus le temps passe et plus je dessine les contours de mes obsessions.

Il y a d’un coté la viande, je suis en amour depuis des lustres avec la toile de Rembrandt « le bœuf écorché ». Cet attrait pour le corps humain et par extension le corps de l’œuvre me poursuit, j’aime aller trifouiller dans la chair, derrière les apparences, là ou nous sommes tous égaux devant Dieu: lambeaux de chair, tas  de muscles, tendons, cartilages, cholédoques et intestins.Dans mon travail cela se traduit par une recherche permanente pour le mouvement des corps qui se rejoignent pour essayer en vain de s’unir… Cette tentative désespérée est poignante, elle m’attire depuis 30 ans.  Au confins de l’abstraction je dessine des formes qui rappellent les cellules, les virus, les bactéries.  L’intérieur des corps (tel que je l’imagine) se traduit par des formes qui se répètent à l’infini, opalescences délicates, masses imprécises .La peau des « blancs » me plait parce qu’elle est rose, d’un rose qui m’échappe et qu’on appelle d’ailleurs « chair » en peinture, cette teinte je la fabriquerai les yeux fermés tant j’ai essayé de la retraduire avec mes couleurs…Cette peau laiteuse que je peins ne demande qu’à être scarifiée, lacérée de traits nerveux, estompée fondue .Le corps et ses extensions se molestent avec plaisir en peinture à l’aide de distorsions, découpages, fragmentations, effacements, grattages frénétiques: tout un travail plastique qui m’émeut, me nourrit convenablement, il m’a aidée à dépasser ma peur de mourir, de vieillir.

La viande c’est la vie c’est notre puissance et notre faiblesse c’est notre grandeur d’Être vivant.La viande c’est déjà l’idée de la finitude .Quand Saskia était bébé je contemplais sans fin ses mains fines, ses pieds ronds et lisses comme des petits galets de bord de mer, émerveillée par tant de douceur de perfection. La peau rose (ma fille est blanche donc rose !) de ses petons je l’ai adorée, sachant bien que ces jolis pieds miniatures fouleraient la terre, grandiraient deviendraient « laids » ridés cornés…Moi je ne serai plus.

La viande pour parler du temps qui passe, celui qui me reste sur cette terre, la viande pour nous rappeler qu’on est « mortels », tout petits face à l’infini. Minuscules particules brûlantes de vie et puis plus rien.Ce thème est presque toujours présent dans mon travail, surtout le travail de peinture « réelle »acrylique, cette thématique appelle cette technique là mais pas seulement.Ce serait trop simple…

Quant au pixel me direz vous, pourquoi le pixel?

Parce que la moitié de ma création est faite avec un ordinateur ou une tablette, à l’aide d’applications et de logiciels. J’ai commencé il y un peu plus de 10 ans et je prends toujours autant de plaisir à dialoguer avec mes machines. Loin d’amoindrir ma créativité ce travail me stimule et il est « facile  » à mettre en œuvre. Je n’ai pas toujours le temps de sortir mon matériel pour peindre ou faire du dessin par contre saisir ma tablette mon stylet c’est sans problème que ce soit chez moi dans le train ou ailleurs. Avec cet outil émerge des thèmes différents mais pas toujours …. Je reviens souvent à mes premières amours: la chair par le biais de travaux numériques abstraits,  les « nicht noch sein » formes improbables vaguement corporelles voir sexuelles un peu dégoulinantes parfois érectiles. Sinon je concocte de « belles images »( ce fut ma première obsession d’ailleurs je suis une enfant des années 80 nourrie à la peinture de David Hockney). J’adore travailler dans une démarche Pop  avec des visages inconnus ou iconiques comme celui de Marylin, c’est un peu mon « pop art numérique » et ce travail a du sens pour moi.. Il traite de la communication des médias, du rapport à la profusion d’images de plus en plus éclatantes et parfaites avec le numérique, des images qui circulent à une vitesse folle qui nous inondent d’informations d’impressions, ces images nous gouvernent et travailler avec cette fascination parfois aliénante m’intéresse tout autant que de chercher le pourquoi du comment nous allons tous mourir un jour. Je sais bien que la plupart des gens sont beaucoup plus sensibles à cette beauté « facile »celle de portraits outrageusement colorés et séduisants que je balance sur instagram tous les soirs en »direct live ». Je reviendrai surement sur cette relation intense que j’entretiens avec l’internet.Je me sens comme un DJ d’images c’est féérique.

Quant à la beauté  plus âpre plus cruelle de mes peintures acryliques jusqu’ici elle n’a pas touchée un grand public ce que je comprends. Ces peintures crues ne montrent pas vraiment de prouesses techniques « apparentes » et pourtant elles me demandent mille fois plus de temps et de travail que les mandalas que je génère en recyclant des images que je glane et des croquis que je fais. Elles paraissent certainement « mal dessinées » voir maladroites et simpliste aux yeux du public( le syndrome: mon gamin de cinq ans en ferait autant!!) je le sais .Mais j’ai toujours eu besoin de camoufler mon savoir faire parce qu’il m’ennuie chez les autres et c’est encore pire chez moi. L’important est que « ça tienne », c’est ça qui est difficile et c’est ça qui m’obsède.Vous voulez quelque chose qui ressemble à la réalité : prenez donc une photo!

J’en souffre un peu de ce malentendu… un petit peu. Mais cela ne changera en rien mes projets. »On » m’a dit :-« mais puisque ça plait, pourquoi tu ne fais pas plus de peinture numérique genre pop art ou des mandalas, tu dois faire ce que le public aime, sinon tu ne vendras jamais rien… »

Non.

J’ai un métier qui me fait vivre dignement je n’ai pas besoin de « plaire » à tout prix. Cette attitude de séduction malhonnête je la paierais un jour, d’une manière ou d’une autre  alors je le redis: non!

J’ai besoin des deux pour me sentir bien et exprimer tout ce que j’ai à dire, c’est ça non un artiste? Quelqu’un qui a des choses à dire, à exprimer, à expulser, à partager: moi c’est une histoire de viande et pixel  que je veux vous conter…

Tout l’art,tout l’intérêt sera de mettre ça en forme pour ma future exposition.

foi

J’ai abandonné ce blog  mais il continue à vivre sa petite vie avec quelques visites par semaine. C’est peu mais c’est juste ce qu’il me faut.J’avais un grand chantier cette année et cette période restera ancrée en moi de manière profonde. Sans mettre de mots précis sur mes maux je vous ai déjà dit que j’étais atteinte de deux maladies graves.Je suis guérie de l’une des deux, vous avez bien lu : guérie.

Hosanna

Après un moment de stupeur et d’incrédulité j’ai enfin réalisé ce qui m’arrivait. Il est donc écrit quelque part que je devais vivre le pire et le meilleur. Je ne connais pas l’entre deux ,le juste milieu, le fade, l’ordinaire, l’ennuyeux. C’est un fait c ‘est comme ça et cela me va très bien. Je disais donc que j’ai abandonné ce blog mais pas pour autant la création ni l’écriture . Je dirai même que je suis plus créative que je ne l’ai jamais été … Cela part un peu dans tous les sens (en apparence) mais ça avance doucement. Ce que je n’écris pas ici je le note dans mes différents carnets, des petits, des grands,un magnifique que m’a offert Francis pour Noel en cuir brun avec des feuilles faites au Tibet. J’ai moins l’envie de partager mes recherches. D’un coup cela m’a paru vain, pécher en haute mer cela a quelque chose d’épuisant : cette immensité…et vous avec votre petit filet minuscule quelle chance avez vous de récolter un gros « poisson »?

Je devais me concentrer sur mon traitement sur mon corps, ne surtout pas m’éparpiller. C’est vraiment un tendance forte chez moi, j’ai trop d’idées j’en dors mal la nuit et si je dois dire tout ce qui me passe par la tète ,expliquer tous mes projets en cours et ceux qui sont sous forme de croquis ou texte dans mes carnets je vais paraître vraiment comme quelqu’un de dilettante et fantasque, pas comme une véritable « artiste » qui travaille dur pour mener à bien ses différents projets.

J’ai passé pas mal de temps à la confection de dessins en noir et blanc pour un projet de fanzine avec un ami, mais cela n’a débouché sur rien dommage parce que j’y ai mis beaucoup d’énergie.

j’ai commencé à coudre des petites entités « magiques » que j’ai mise en vente sur « Etsy » et « Littlemarket « mais cela n’a séduit personne en tout cas pas au point de m’en commander une et de l’acheter…Alors j’ai arrêté pour l’instant ayant tout de même en cours 4 petites poupées fétiches avec une tète en argile.

Actuellement je suis entrain de faire des pièces de tissus peintes brodées qui serviront d’ornements pour des travaux futurs, j’adore coudre, tailler dans le tissu, broder.Cela m’apporte une grande sérénité et me permet de me reconnecter avec mes racines profondes notamment Marie Blanche la couturière modiste talentueuse qui fut ma tri aïeule.D’un autre coté j’ai été sollicité par un ami poète Régis Roux pour accompagner son travail sur le minéral. Il se promène et ramasse des galets  les mollasses de Gallaure, il les dépoussière et les photographie c’est une quête presque mystique solitaire. De mon coté j’essaie de donner une représentation plastique de sa démarche, lui  écrira des textes lorsque j’aurais terminé mes dessins.De cela je reparlerai bientôt.

Pour finir,  je continue ou plutôt je reprends un « vieux » projet laissé en suspens, j’en ai déjà parlé ici: Pixel bleu . Je sens vraiment que je tiens là quelque chose d’important pour moi. Je juge cette série en cours (une grosse vingtaine de travaux ) tout à fait cohérente avec tout ce que j’ai pu exprimer ici, sur le deuil, mon gout pour l’organique, mon amour fou de la peinture et de la vie. Cette série est dans l’esprit du « nicht-noch-sein » qui a commencé avec une toile qui s’appelle « c’est arrivé tout seul » ici:c’est arrivé tout seul

. Le texte fondateur du Nicht Noch Sein ici : nns.

Je rangeais mon atelier et  j’ai sorti tous les tableaux se rapportant à ce projet, j’ai décidé de ne plus le lâcher, de le finir.

C’est vraiment un travail de série  avec toujours les mêmes « ingrédients » et différentes variations .Les fonds sont tous bleu outremer mâtiné de bleu cobalt en aplats très lisses.Ce fond n’en est pas un en fait parce qu’il entoure la forme qui est faite indépendamment.Des formes aléatoires, molles, » poulpes », morceaux de chair occupent l’espace de manière plus ou moins importantes.Ces silhouettes non figuratives sont le sujet de cette série .Elles sont peintes en nuances très subtiles et délicates de tons de roses passant du nacré bleuté jusqu’au orangé violacé.Mon but est de créer des fenêtres sur mon univers intérieur qui s’articule en transcendance (le bleu) et la chair incarnée.C’est avant tout un travail de passage entre le monde des vivants et celui des morts en l’occurrence mon ami Pixel parti trop tôt. Celui ci créait des petites échelles en fer argenté qui étaient sensées nous amener dans l’inconnu.

Qu’est ce qui fait le sens de cette série?

Voilà ce que j’ai écrit  dans mon carnet , en date du 08/08/16 : « Je suis partie d’un sentiment, d’une couleur, d’une absence cruelle. Bleu pour l’infini , chair rose du corps de Pixel. Quand j’ai commencé cette série j’étais sans filet, sans fil directeur sans savoir ou j’allais. Sur le fond intense qui sera  uni et brillant grâce à de bonnes couches de vernis, une forme flotte s’inscrit fluctuante, molle, découpée comme un corps improbable sur le fond bleu.Forcément je ne peux pas m’empêcher de penser aux anges et aux cieux azurés des tableaux anciens de la Renaissance.Que symbolise cette forme pour moi? Elle est le signe de vie, une vie moléculaire peu élaborée mais en constante évolution.

Cette forme aux teintes chairs devient intrigante par sa répétition sur chaque toile, forme « rejouée »comme une note obsédante mais jamais identique comme si la série pouvait durer toute une vie.Cette forme organique est « le motif » de mon travail.

Par là même, je cherche à évacuer le souci narratif. En laissant la « bulle rose » faire son travail de captation du regard j’espère attirer le regard du futur spectateur.

Elle est molle ma forme et rose, un peu tentaculaire dans certains tableaux , il y a forcément quelque chose du sexe (masculin et féminin). On peut discerner une certaine angoisse qui se cache derrière les aplats bleus intenses et ces formes roses évanescentes. Rose et bleu….La fille et le garçon. Rose comme l’iconique rose de la peau du cochon (qui n’est pas si rose que ça dans la réalité), ce rose donne un coté un peu mièvre, il y a de la joliesse, du caricaturalement « féminin », du callipyge, de la graisse qui s’élève comme poussée par l’espoir. Il y a du désir de la Chair. Bleu comme l’éther sans nuage, comme un monochrome d’Yves Klein, le bleu d’une mer méditerranée sans vague, du bleu de vitrail gothique vibrant de lumière, bleu comme la transcendance, bleu utilisé comme l’or des icônes  ..

La forme rose et dégoulinante comme la représentation de l’inconscient sur ce fond bleu sec, lisse sans faille comme représentation du surmoi. »

Je ressens un immense bien être à peindre cette série qui était au départ une forme « d’ hommage » et qui devient pour moi un véritable Manifeste.Le Nicht Noch Sein m’obsède. J’ai besoin de cette notion de « non forme », de « non fini ».La notion de perfectionnement possible me laisse un espoir, une ouverture, une place pour mes rêves.

Si j’arrive à peindre ce que je sens, j’aimerais que cette série fonctionne comme une projection de l’inconscient du regardeur.

Sera t il séduit, sera t il ennuyé par cette répétition, sera t il dégoûté au fond de lui, se laissera t il emporté par mes formes jusqu’à laisser flotter son esprit …? J’ appelle cette forme de peinture « l’abstraction méditative » cela peut paraître pompeux, c’est ce que j’ai trouvé de mieux pour expliquer ma démarche.

Voilà, ce n’est pas parce que l’on entre en silence qu’on devient inexistant. Ma prochaine « épreuve », croire suffisamment en moi, faire sauter les verrous de mes vieilles croyances et démarcher pour présenter ces travaux quelque part hors du ventre de la maison.

J’ai très mal au dos, parce que j’ai très peur…de m’exposer au Monde avec ce que cela implique de possibilité de rejet ,d’incompréhension, de jugement.J’ai peur de me donner une valeur parce que même si mes écrits semblent me représenter comme une personne sure d’elle …C’est tout le contraire ma petite fille intérieure hurle encore que je ne suis rien, que je ne vaux rien.

abc

de la lumière à la matière

Depuis que je suis petite (je crois que je vous parle souvent de mon enfance….elle fut douloureuse mais riche d’émotions qui me forgent aujourd’hui un mental fort et des goûts très précis) j’aime entrer dans les églises ,pour la pénombre , pour la lumière colorée qui se dégage des vitraux.Je trouve cette qualité lumineuse unique ,elle incendie le cœur et l’ame .Il suffit que je ferme les yeux pour ressentir le bleu des cathédrales unique ,intense que j’ai retrouvé dans la peinture de Van Gogh et dans les monochromes d’Yves Klein….

Mais je n’ai jamais beaucoup peint en bleu avant que mon ami Pixel nous quitte me laissant en héritage la charge de faire vibrer « le bleu ».Et quel plaisir c’est une couleur qui se raconte mal ,qui se vit…En peinture elle peut rayonner ,vibrer  elle reste toutefois matérielle,matière ,couche lisse aussi lisse soit elle cette couche jamais elle n’atteindra les sommets d’incandescence qui lui offre le verre serti de plomb des vitraux.

Et puis il y a eu l’avènement du numérique…. Je m’y suis mise dans les années 2000.Timidement avec une petite tablette de base Wacom et mon premier Mac.Cela tombait bien je n’avais plus d’espace ou installer mon matériel. La peinture numérique ne sent rien ,on n’a pas besoin de nettoyer les pinceaux ,ni de faire sécher les toiles.Tout était dans le ventre de Mac et bien vite dans un disque dur externe parce qu’on ne sait jamais ce que vous réserve un ordinateur même si l’on en prend soin avec amour.J’ai très vite repéré la qualité unique des couleurs électriques  et surtout celle du bleu.J’ai alors entrepris ma première série numérique , elle est composée d’ogresses qui dévorent leur amant,de « nicht noch sein  » improbables ,de formes molles et organiques qui m’attirent depuis » c’est arrivé tout seul » en 1995.J’ai exposé ces « œuvres » sur mes deux blogs d’Arte, artistikkkbranleta et kamera obskura.C’était pour moi à ce moment là , la meilleure façon de les montrer.J’ai considéré ces deux blogs comme une expérience unique de partage dans l’immédiateté d’un médium fluide ,volatile ,électrique ,j’avais une sensation d’excitation très particulière dans cet échange rapide, fulgurant, parfois émouvant.J’ai rencontré la plupart des amis virtuels que j’ai encore à ce jour…Depuis je continue à entrer régulièrement en relation avec d’autres artistes ,des écrivains ,des danseuses.L’internet a favorisé cette ouverture sur le monde j’avais trouvé ma « fenêtre »…pas comme dans la vraie vie.

Le maître mot de l’art numérique est je pense l’interaction , l’échange…Je ne suis hélas pas du tout professionnelle en matière de technologie et cela me frustre beaucoup de ne pas savoir faire de la programmation en Pure data. Du coup je me sens ridicule et complètement « old school » dans ce milieu au jargon tout de même un peu…opaque pour un débutant ou un ignorante comme moi. Alors que faire rester dans la grotte comme d’habitude ou essayer d’imposer mes vues ,celle d’une personne mure nourrie au biberon des beaux arts avec croquis ,dessin,perspective ,peinture ,matière ,contrastes ,volumes et plus encore, une personne qui saisirait l’outil numérique presqu’à rebours en se l’appropriant de manière tout à fait « classique » c’est à dire qui prend son stylet pour un pinceau !!! Qui fait des boulots qu’on pourrait qualifier d’expressionnisme numérique. Pas de bol l’expressionnisme est passé de mode depuis longtemps et moi j’en rajoute une couche en utilisant ce « style » avec les outils du troisième millénaire. Je fais ce que je peux mais je n’ai pas dit mon dernier mot dans ce domaine en vérité le Pure data m’intéresse beaucoup et l’interactivité qui ouvrirait une fenêtre de plus dans mon univers me fait de plus en plus rêver, pour l’instant le dialogue que j’ai avec mes différentes machines me plait énormément.En attendant je travaille sagement mes  fichiers numériques de plus en plus vite en postant de manière quasi instantanée sur mon smartphone et ça me plait.D’un autre coté je reproduis les fichiers que je préfère en moyen format sur papier à l’acrylique pour donner une autre version des faits une version concrète ,ensuite il est encore possible de travailler des détails pour « s’enfoncer » dans l’image…Dans une exposition future mon but serait de montrer les images sur moniteur ,peut – être en créant un vrai « faux blog » pour cela, que les visiteurs pourraient consulter chez eux, avoir envie de venir voir les versions peintes et s’immerger dans un bain de lumière offert par la  projection des fichiers à travers l’espace?? Tout reste à construire et à conceptualiser de manière un peu sérieuse mais je trouve l’idée séduisante, ajoutez à cela la possibilité de tirer gratuitement des copies de mes fichiers au moins le jour du vernissage pour offrir des épreuves des sus dits fichiers et l’on a une réflexion qui s’articule autour du statut de l’oeuvre en ce début de 21 ème siècle…

Je ne sais pas, mais je cherche…

Ci joint trois versions de « SuperMOM » version papier non terminée(format raisin),version smartphone,et version originale fait avec sumopaint ,logiciel en ligne celui ci est l’original…

réparation….suite

Il y a quelques années j’ai acheté une petite poupée en tissu pour Saskia ,c’était un jouet en provenance d’Allemagne assez onéreux et fait main.J’ai beaucoup apprécié ce jouet ,plus que ma fille finalement qui n’a jamais tellement joué avec les poupées…

De  nombreuses années auparavant ( une  cinquantaine à peu près!) je possédais moi même  un poupon en tissu, fourrure et papier mâché pour le visage. Je me souviens très bien de cet objet c’était un esquimau avec capuche en vraie fourure, petit costume folklorique.Ce poupon ne me quittait jamais, je suis sur une photo avec mon oncle « frère » préféré Maurice, le poupon est là et je le serre contre mon cœur.

Je ne sais plus pourquoi mais j’ai détruit rageusement ce jouet auquel je semblais très attachée ,cette scène qui est ancrée dans mes souvenirs je l’ai narrée ici:

https://lapeintresseka.wordpress.com/2013/10/04/puppa-58-puppa58/?

Ma vie n’a pas été très satisfaisante enfant, je pense que je faisais ce que je pouvais pour survivre et c’est tout.

Maintenant en ce deuxième jour de 2016, je me rends compte que j’ai enfin rattrapé le fil de mon destin et que je peux sortir du labyrinthe pour faire sur cette terre ce que je dois accomplir. Bien sur cela pourra paraître à certains d’un grand ridicule (cette idée de mission) je m’en moque. J’ai besoin d’être étayée, de donner du sens à « tout ça », ce « tout ça » nauséabond qui nous afflige, qui nous attaque, qui nous empêche de vivre sereinement. Lors de mes recherches j’ai découvert que certains artistes veulent s’exprimer pour se faire connaitre, d’autres pour faire passer un message, d’autres encore sont avides de dollars…Je m’inscris dans un mouvement qui n’existe pas « à proprement parlé » ,une vague profonde venue du fond des ages celui des artistes soignants qui se rapprocheraient plutôt des chamans, des magiciennes ,des sorcières.L’art est merveilleux il est noble et modeste ,se niche partout même en camp de concentration (zoran Musil).

Je n’ai pas de limite dans mon désir de faire, de fabriquer, de donner.

Revenons aux poupées de tissu que je couds entièrement à la main,point après point d’abord le surfilage puis la broderie et enfin l’assemblage;On m’a demandé pourquoi je ne les cousais pas à la machine car cela irait plus vite mais j’ai dit non parce que je veux que l’objet émerge doucement de mes mains point après point comme l’homme l’a toujours fait, je me moque de la productivité et de la rentabilité.Cette poupée ,ou doudou d’Âme doit être le fruit d’un long processus d’amour pour ce que je fais ,d’amour pour les autres.Je ne suis pas très douée pour exprimer mes sentiments alors je fais mes poupées ,je les distribue (et je vais également en mettre en vente sur ma boutique Etsy).

J’ai élaboré toute une stratégie autour de ces entités remplies de ouate ,de chutes de tissu.Aussi ce travail s’inscrit naturellement dans mon projet « Réparation ».Je modèle d’abord des petits cœurs en argile avec mon monogramme gravé, ces petits cœurs sont gardés dans une poche de soie noire avec mon pendule.J’y travaille régulièrement, quand un doudou est terminé et que je suis en train de l’emplir de ouate je mets dedans un des  cœurs que je numérote (là par exemple je commence ma deuxième série de 22 doudous en référence au Tarot), je le ferme et je le magnétise afin qu’une partie de mon amour parte avec lui, je le nomme et lui attribue certains dons.C’est absurde et mystique c’est ma démarche et c’est tout.

Lors de mes études j’ai beaucoup aimé le mouvement d’art féministe qui valorise des matériaux et pratiques dites féminines, j’ai été fascinée par les oeuvres molles celles d’Annette Messager,celles de Louise Bourgeois, pour ne citer qu’elles.Je m’inscris complètement dans le mouvement d’art textile mais sans me limiter à ce moyen d’expression (les limites je n’aime pas ça!).

C’est simple ,depuis que je couds tous les jours (je n’ai pas dérogé à ma manière de procéder depuis 2013): » travailler chaque jour un peu ».Je me sens remplie d’exaltation, de tendresse, j’ai l’impression que ce médium modeste et laborieux est fait pour moi. De plus je me mets en phase avec Blanche Mélanie Villeroy la mère de mon arrière grand père maternel.Cette dame exerçait la couture avec beaucoup de gout. Anecdote: Blanche se fournissait en colifichets et autres à la maison de couture » Krepatt et Strauss » sise quartier des Halles à Paris. C’est dans cette maison de couture que ma mère exercera le métier d’acheteuse, c’est dans cette caverne d’Ali baba qu’elle m’emmenait les jours ou elle ne pouvait pas me faire garder par la nounou, et c’est à cet endroit que mon cœur s’est définitivement entiché des rouleaux de soie multicolores, des taffetas,des boutons de nacre ,et autres breloques merveilleuses;

Que le monde tourne rond pour que l’on soit bien dessus…..A bientôt!IMG_4598IMG_4618IMG_20151130_134025-2je vous présente Boubacar à gauche avec son doudou à la main,il appartient à mon amoureux et Edouard envoyé à un ami qui se bat courageusement contre la maladie….

mandala

Je ne viens plus ici, je suis là-bas…Dans des terres lointaines ou je puise la force de donner plus que j’ai. Comme vous le savez depuis maintenant deux bonnes années je pratique la méthode « tu dessineras tous les jours » ,quoiqu’il arrive, dos bloqué ou pas ,jambes raides ou souples, j’avance me donnant parfois l’impression d’être un cheval de trait qui laboure son champs avec obstination jusqu’à la mort, parce qu’il ne sait rien faire d’autre et parce que c’est son destin.

Il faut le dire, maintenant avec le recul (presque trois années ce n’est pas rien), je n’ai rien trouvé de mieux pour accéder à ma création. Je ne crois pas (plus) à l’inspiration qui est sensée nous « visiter » comme la grâce divine !!! Lisez les textes des « grands » tels Cézanne,Dubuffet ,Picasso,et surtout Matisse qui était un travailleur infatigable et que j’admire rien que pour ça ,plus pour tout le reste. Leur premier secret:  un travail acharné…..Maintenant il suffit que je me penche sur mes différents dossiers de dessins bien rangés ,mes croquis numériques (même si je ne les montre plus je continue à en faire) et j’ai de la matière pour trente ans; C’est confortable ,rassurant, c’est harmonique. Il se trouve que ce labeur acharné et solitaire porte de beaux fruits et ça c’est la cerise sur le gâteau (bon ce n’est pas très fin je sais).

Le 04/04/15 j’ai participé à la fête des couleurs « Holi » organisée par une amie qui pratique avec grâce la danse indienne et qui professe aussi son art avec autorité. J’ai tenu l’atelier Mandala ,pas question ici de faire du coloriage ,non….J’avais dessiné la veille un grand mandala au feutre noir sur format 100 cm sur 100 cm, je l’ai dessiné en pleine conscience avec toute mon âme de travailleuse de l’image. Le jour dit je l’ai posé sur une table et j’ai proposé aux personnes qui s’approchaient de venir le mettre en couleur avec moi au moyen de morceaux de papier de soie que nous collions sur le papier blanc…Neuf heures ont passé (vite ,très vite) ,le Mandala a pris vie ,et nous l’avons illuminé avec des petites bougies, faisant un souhait comme cela se pratique en Inde ,la différence étant que ce Mandala n’a pas été dispersé et détruit puisqu’il était fait sur papier. Mais l’intention était là, la tension était grande, mon émotion immense….

MAndala 4 mandala & MAndalaa

crédit photographique : Dominique  Encognere,photographe professionnel qui m’a autorisée à publier ses clichés sur mon blog ,merci Dominique!

A priori j’étais venue « aussi » pour faire une petite exposition et tenter de vendre quelques dessins ,c’était sans compter avec mon point faible : la confiance que je n’arrive pas à m’accorder… J’ai sorti les boulots vers 16H sans prix ,sans affichage ,sur un coin de table ,certains posés à l’envers….Je n’ai rien vendu , comme c’est surprenant! Mais j’ai beaucoup discuté, j’ai fait connaissance de personnes chaleureuses, curieuses….J’ai baigné dans un climat propice à la joie….C’est si rare.

Neuf heures debout… Le résultat ne s’est pas fait attendre: le lendemain j’ai pu me promener en forêt mais, le surlendemain impossible ou presque de mettre un pied devant l’autre ,genoux enflammés et douloureux à l’extrême, avec en plus de cela un retour d’expérience terrible.J’étais comme une éponge molle ,flasque , remplie de larmes jusqu’à l’os ,au bord de la crise de nerfs….Trop donné ,trop reçu…comme une vague immense ,les émotions m’ont submergées et englouties.Heureusement Karine mon amie danseuse est passée dans l’après-midi, en feu follet qu’elle incarne,souriante ,encore sous le coup de cette fête très réussie. La tète dans les étoiles,elle m’a serrée fort dans ses bras et je me suis laissée aller moi qui n’a pas trop connu les câlins ,le portage quand j’étais bébé. J’ai repris vie et maintenant j’envisage fort de renouveler l’expérience, donner aux autres au moins mon sourire, les écouter, guider leurs doigts malhabiles avec les bouts de papier emplis de colle…Il suffit d’un peu de patience, de bienveillance et chacun se prend au jeu, je ne parle pas des enfants qui eux foncent sans hésiter en demandant toutefois la consigne, souvenir de l’école oblige ! Dans mon prochain billet je parlerai de la deuxième très bonne surprise que le sort m’a semble t il réservée pour Septembre (mais j’avoue n’y croire qu’à moitié) ,le père Noel m’a tourné le dos depuis si longtemps…

je finirai par une citation ,ce n’est pas trop mon truc mais là pour préparer le futur événement je m’appuie sur la lecture ,les lectures ,notamment un petit livre de poche « points-vivre » de Fabrice Midal  « petite philosophie des Mandalas » qui va bien au delà du phénomène bouddhiste ,du phénomène de mode (car mode il y a c’est incontestable ,je m’en fous royalement)…

« Ce qui est essentiel dans une oeuvre d’art, c’est qu’elle doit pouvoir s’élever bien au-dessus du domaine personnel et parler depuis l’esprit et le cœur du poète en tant qu’homme, à l’esprit et au cœur de l’humanité.L’aspect personnel est une limitation, et un péché, dans le domaine de l’art » C.GJung. Je ne partage pas la notion de péché que je trouve trop connoté, trop chrétien mais sur le fond je suis d’accord :les grandes œuvres ,celles qui restent qui nous frappent durablement dépassent forcément nos petits égos hypertrophiés….aller voir Mondrian,Kandinsky, Klee, Rothko, Pollock, Matisse et laissez vous porter par ces œuvres immenses et universelles.

Moi je continue jour après jour mes petits dessins qui formeront peut être un jour un grande rivière…

ci-dessous un travail sur kraft « phase critique » n°11 série 3k du 24/03/14, retravaillé malmené puis marouflé sur bois…il était parmi les dessins que j’exposais…

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C’est gluant,c’est rose….c’est quoi?

 

Il dit :

« J’ai des trompes ,et j’ai aussi des bras ;j’ai des bites « en veux tu en voilà »…..Oui, on m’appelle La biteballerina, c’est tout, c’est bien comme ça.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Je réponds :

« Ne me demandez pas pourquoi je suis obsédée par ce monstre, il est venu tout seul, il n’a pas de forme définitive, c’est un « nicht-noch-sein  » , et ça c’est plus que sur .

Il, elle avance dans la vie, droit avec en fond un ciel opaque et dru,je ne pense qu’il ait envie de s’arrêter ,il n’a pas besoin de nous parler non plus ,il a tout dit avant , il y a très très longtemps, seul dans son coin , il hurlait silencieusement.

Alors ma bête gluante et rose, elle se venge ;sans espoir aucun.faut bien le dire.elle sort toute crue et toute juteuse,toute sanglante de mon imagination à la fois fertile et drôlement limitée,par le bout de chair que je suis :des os ,de la carne ,des trucs qui suintent ,qui pètent et tout le tremblement ;

Je m’amuse avec peu moi… : Des viscères, un peu de viande, des muqueuses mouillées, des giclures sur le sol qui disent bon dieu, j’existe con, je suis chaude, encore et pour combien de temps ?

Je ne suis qu ‘un corps et celui-ci n’en finit pas de m’épouvanter, de me faire jouir… De m’en faire baver.mais, je ne suis pas dupe car tout ça c’est du vent. »