Un papillon est venu mourir devant ma porte hier, cela m’a rendue un peu triste j’ai vu ses ailes flétrir et des insectes se nourrir dans son abdomen… J’ai pris mon balai et je l’ai mis dans le compost. C’est l’été, Saskia est partie avec Peppa et son cousin Herran chez leur grand mère dans les landes. Je me retrouve donc seule avec les chattes, seule avec le silence qui n’est pas déplaisant ni lourd. Un silence que j’habite avec joie.
Je suis en lune de miel avec moi-même. Je me découvre et m’apprécie je n’ai besoin que d’une chose, mon travail, c’est exaltant.
Au réveil un peu fourbue parce que je dois dormir avec deux chatons et leur mère, je ne me souviens pas de mes rêves. Juste de quelques images comme une réminiscence vague, comme le parfum des tilleuls en fleurs. Comme s’il ne restait que cette fragrance délicieuse et entêtante mais rien de l’arbre de sa forme de sa présence: tronc et feuilles. Comme si la consistance du rêve m’échappait.
C’est l’été… Ceux qui ont lu mon blog depuis longtemps savent combien cette saison est difficile pour moi. C’est la période de l’éclat maximum de la lumière et par conséquent de la présence menaçante et compacte de l’ombre qui dévore les esprits sensibles tels que le mien. Alors j’essaie de contenir mes angoisses et j’étouffe mes sanglots avec soin. Ce n’est pas si difficile finalement. D’autant que cette année l’été n’est pas vain, je ne suis pas en vacances. Mon temps est plein. Je prépare l’exposition qui sera effective le premier Septembre.Le vernissage lui se fera dans la première quinzaine la date n’est pas décidée.
L’océan me manque je ne peux pas dire le contraire mais je dois me contenter de ce que j’ai entre les mains.
J’arrive au stade ou le travail est difficile pour moi. Parce qu’en fait ce que j’aime le plus dans la vie c’est chercher expérimenter et imaginer. Sans avoir d’objectif trop contraignant ni concret. Je pense que je l’ai déjà dit mais vraiment j’ai un tempérament de chercheur celui qui travaille seul dans son « atelier laboratoire » loin du monde et de ses rumeurs, loin du regard des autres de ce que je peux représenter aux yeux du monde. Jouer mon rôle d’artiste ne m’apporte aucune jouissance. C’est mon travail qui doit me représenter pas mon enveloppe charnelle. Hélas les lois sociales ne sont pas faites ainsi. Et c’est à moi de me plier de jouer le jeu. Et puis je ne vais pas me mentir: j’arrive à un stade ou j’ai besoin d’un minimum de reconnaissance, au moins de la part de mes pairs.
Je suis au pied du mur et il faudra bien que j’honore ma part du contrat avec les Simones, avec Katia surtout qui m’a appelée il y a quelques jours et qui va me venir en aide pour finaliser mon projet d’installation. Avec Françoise qui m’a également appelée de Bretagne pour poser les dates accrochages, vernissage décrochage.
On pose le cadre c’est bien.
C’est si peu en fait cette exposition…. C’est juste quelque chose qui me tient à cœur mais qui n’a d’importance que pour moi. Je réfléchis constamment à la place de l’artiste dans le monde. Nous sommes sur la crête des vagues houleuses à en observer les nuances retranscrire les transparences, nous sommes des observateurs. Mais finalement nous ne changeons rien …
J’aurais aimé faire quelque chose d’utile, le monde va si mal et j’ai peur pas pour moi j’ai bien vécu mais pour ma fille est ses acolytes … Je n’arrive pas à « oublier » je n’arrive pas à me dire: » tu exposes enfin ça fait 18 ans que cela n’est pas arrivé, c’est ce que tu attendais non, c’est génial ?!! »…. Oui oui c’est ce que j’attendais, et c’est bien non c’est plus que bien , c’est le but ultime de mon travail journalier solitaire. Mais je sais aussi que c’est vain. Il faut garder les pieds sur terre, le souci de la réalité.
Juste un grain dans l’univers Carolina , n’oublie jamais.
VDf … J’ai cherché un autre nom et rien ne vient alors j’abandonne et je garde VDf, ce sont des initiales avec des majuscules et une minuscule, c’est moche neutre et signifiant. Cela me convient. Et puis il y a le nom de l’artiste posée sur l’affiche lequel choisir : Carolina Diomandé, Carolina Diomandé la peintresse Ka ou Peintresse Ka tout court?
Si je choisis Peintresse Ka je désobéis à l’injonction paternelle du Grand Rêve ….
Et merde, je n’arrive pas me décider. J’ai découvert tardivement que je n’avais pas autant de caractère que je croyais car je m’étais érigé une armure flamboyante pour me protéger. Je suis une personne qui a beaucoup de mal à se décider, à s’affirmer à imposer ses vues. Dire non est une torture mais j’ai décidé que dans la prochaine décennie si Dieu me prête vie ce sera l’objectif premier. Il est important de se respecter soi même afin de respecter les autres c’est ce que je désire transmettre à ma fille.
Mais je m’éloigne! Ce que j’ai fait pour l’exposition : L’inventaire global de tout ce que je veux montrer. Ensuite j’ai créé une quarantaine de petits formats en acrylique et linogravure, c’est terminé verni et marouflé sur du carton solide d’encadrement. Ces tableautins seront exposée en bas (côté boutique) et mis à la vente mais ce ne sont pas des objets qui n’ont aucun lien avec VDf, ils s’intègrent totalement dans l’œuvre montrée en haut par les teintes et dans le thème du féminin. Je ne sais pas qui voudra acheter une linogravure représentant un clitoris, mais bon je n’ai pas envie de m’embarrasser d’une pudeur ridicule. Même ma mère connait cette forme ludique alors ça devrait passer … Il me reste à créer un catalogue d’exposition pour les tentures du haut (pas la grande elle n’est pas à vendre).
J’ai trouvé une idée pour accrocher les tentures j’ai toujours aimé les cintres en fer ces formes simplistes et efficaces renvoient naturellement au monde domestique quand le linge est propre qu’on l’a étendu pour qu’il sèche et qu’on l’a repassé (moi je passe cette étape chronophage), on termine par le pliage et le rangement dans une armoire en pile ou bien sur cintre.
Les tentures seront donc dans la mesure du possible montrées avec ce dispositif simpliste et humble soit contre les parois ou bien légèrement flottantes à quelques distances du mur pour obtenir un effet aérien.
Pour la tenture je donne ma langue au chat et à Katia ,on va essayer de trouver un dispositif ensembles elle m’a promis qu’on se donnerait les moyens de mettre en oeuvre une idée spectaculaire qui surprenne le spectateur je suis d’accord je lui fais confiance. Elle est douée et son imagination est sans limite.
Il me reste à envisager l’accrochage des 63 poupées j’ai quelques idées que je compte mettre en œuvre cette semaine puisque je suis toute seule. Je pense à des formes ovales en fil de fer solide sur lesquelles seraient pendues les poupées par du gros fil de pêche, tiens merde faut que je trouve du fil de pêche….
Il faudra trouver un espace pour les 5 tableaux format raisin qui sont prêts et brillant de vernis et les calebasses que j’ai peintes en gris coloré (j’ai trouvé un mélange qui me plait énormément: titane buff clair, ocre rouge et bleu indigo) .J’ai l’impression que je n’en ai pas fini avec cette demi teinte subtile et modeste qui met en valeur tout ce qui l’approche. Le gris est présent pour faire le lien avec la « non couleur » des lingettes qui furent ma première source d’inspiration et de désir. Michel Pastoureau dit que le gris est la couleur de l’ombre.
Les femmes ne sont elles pas souvent dans l’ombre n’ont elles pas été invisibilisées jusqu’ici ? Alors oui le gris me sied comme le symbole de nos conditions. Par mon regard j’extirpe le côté neutre et ennuyeux de cette teinte en la rendant chaleureuse riche et multiple.
Le pire pour la fin?! Il me reste à finaliser le texte de présentation et je dois également faire des photos dignes de ce nom j’espère que mon appareil photo fonctionne encore au dernières nouvelles il se déchargeait très vite. je me donne jusqu’à la fin de cette semaine.
J’espère que dans mes lecteurs certain(e)s viendront voir l’exposition « in situ » … Je vous invite chaleureusement.