jeu à quatre mains

Deux ans sans écrire sur le blog… Deux ans d’hibernation. Pas de regret c’est déjà arrivé, ça arrivera encore. La création est tout sauf un long fleuve tranquille. Il faut s’appeler Monet Picasso ou Matisse pour tracer son sillon sans relâche et encore je ne sais pas, peut être qu’ils ont eu des doutes des peurs, des zones grises, Claude Monet n’était jamais satisfait c’est un fait connu. La peur viscérale de perdre le fil, cela doit arriver aux plus grands.

Alors à une brindille pensez donc !

Deux ans à réfléchir, rêver, prendre des notes, râler déchirer, fuir le vide. Mais le vide c’est aussi la vie, il faut savoir laisser les choses maturer doucement. J’ai du mal. De plus, mon existence a pris un cours nouveau. J’ai regardé le crâne de verre sur mon bureau: Vanité … Je ne supporte plus de vivre en tendant vers un but improbable voir impossible. C’est tout simplement passer à côté de sa vie, la vraie celle qui est tangible. Je n’ai plus le temps d’en perdre.

Alors j’ai fait un grand pas de côté : la pratique artistique devenait un sujet non plus majeur mais contingent. J’ai ouvert les yeux et j’ai vu tout ce qui était enfoui en moi.

Cela a tout bouleversé, mon équilibre interne certes fragile mais immuable, mon phare dans la nuit, ma vie a pris une autre saveur moins égocentrée plus ouverte plus libre et vaste de potentialités. J’ai toujours aimé plus que de raison le monde animal et le monde végétal ; il y a bien longtemps que je fais des câlins aux arbres, que je pleure si une plante que j’apprécie meurt. Cet été mon vieux pied de lavande certainement planté par la grand mère qui habitait là avant moi, un gros pied tout en hauteur qui n’a pas été taillé convenablement et qui s’est hissé vers le ciel m’a quittée. Certainement épuisé de faire monter sa sève du tronc aux branches, et puis cette sécheresse assassine. Il est mort, j’ai caressé ses vieilles branches tortueuses toutes sèches avant cela il m’a offert une dernière et maigre floraison toujours aussi odorante. J’ai gardé son bois et ses fleurs d’adieu. Quand je passe devant l’endroit ou il était planté je suis très émue.

Voilà. Je ne parlerai pas des chats des chiens des oiseaux des lézards… Ce n’est pas le sujet d’un blog d’art.Tout ça pour dire que la vie prend des tournants insoupçonnés rien n’est jamais acquis ou définitif: Une seule constante le changement.

Malgré tout l’an dernier en décembre j’ai exposé de l’artisanat (art modeste) avec une amie de très longue date que j’ai retrouvée (30 ans de séparation… La vie ) ma chair Catherine. Aux « Lunes Nomades » une jolie galerie près d’Ambarès et, surprise j’ai bien vendu. Cela m’a réconfortée, j’ai compris que l’art avec un grand A n ’était pas de saison. Et voilà ma vieille frustration qui s’est réveillée: j’aurais préféré faire les arts décoratifs plutôt qu’arts plastiques. J’imaginais depuis ma petite enfance devenir créatrice de bijoux ou de chaussures, styliste ou encore décoratrice d’intérieur. Je passais mon temps à dessiner des intérieurs, des modèles de robes c’était l’exaltation. Je n’envisageais pas devenir peintre. Je n’ai jamais pensé en avoir l’envergure. Je ne nierai toutefois pas mon gout exclusif pour l’art au sens large du terme, l’histoire de l’art surtout, la beauté et la laideur sublimées, la danse, la musique. Tout cela m’inspire encore de manière totale, c’est toute ma vie. Ce sera toujours le cas.

Catherine suit également cette approche de plasticienne artisane(pour le moment hein, rien de définitif), elle utilise sa formation pour créer des objets poétiques lisses comme des galets, l’art subtil de la céramique, du biscuit. Comme moi avec ma broderie mes tissages, mes teintures végétales qui sont autant d’expériences magiques et surprenantes.L’exposition VDf m’a durablement touchée, l’art textile me sied bien, mieux que la pratique de la peinture qui me fait souffrir, ne me satisfait jamais.

Venons en aux faits, elle est pleine d’énergie Catherine et elle a souhaité travailler sur un projet avec moi. J’ai dit oui sans hésiter, se faire embarquer pour Cythères c’est trop tentant. J’ai toujours aimé les collaborations, les expositions à deux trois et plus si affinités. Souvenir ému de la période folle des Loukoums Rebelles.

Alors nous voilà à Uzeste cet été en période de festival, à exposer dans un lieu minuscule et atypique : une boulangerie galerie coopérative un peu anarchiste! (c’est la couleur de ce village surprenant). Bonjour Monsieur Bernard Lubat.

Un truc improbable comme un essai pour une autre fois, un autre lieu… Mais ça m’a remise en marche il a fallu que je travaille sérieusement sur la série de bijoux communs, en l’occurrence des broches faites de céramique blanche et de tissus, brodées aux couleurs végétales toutes douces: Elle et moi réunies dans le bonheur du « faire » à quatre mains.

Créer sans se mettre la rate au court bouillon, c’est quelque chose de merveilleux.

Post partum

J’ai décroché en novembre, déjà plus d’un mois…

En fait, ce sont les Simones qui ont fait le décrochage moi j’avais un rendez vous médical de très longue date impossible à déplacer. J’ai regardé mes tentures et tout le reste entassées dans le salon, un peu triste. Sincèrement je pensais qu’exposer après tant d’années me nourrirait m’apporterait du bien être et de l’espoir. C’est exactement le contraire qui s’est produit. Il faut dire que je couvais depuis bientôt trois ans un « down » d’ampleur nucléaire, le projet VDf m’a servi de pare-feu c’est tout. Ce fut agréable, fertile et tellement prenant d’assembler ces lingettes soir après soir dans le dénuement relationnel le plus total avec une fille prête à exploser en mille morceaux tous les quatre matins.

J’ai tenu bon, j’ai traversé la crise accrochée comme une moule à son rocher ni les vagues immenses ni les vents mauvais ne m’ont déviée des objectifs que j’avais défini : finir cette série, l’exposer quelque part, tenir bon pour « supporter » Saskia.

Chaque soir au coucher épuisée je me disais : « ne craque pas , tiens bon… »

Certains vont encore me dire que je suis trop dans l’intime en racontant ça….

Dire ce qu’on ressent, ce qu’on pense, raconter des petits bouts de sa propre histoire ce n’est pas pour moi d’une impudeur incroyable. Jamais je ne parlerai de mon intimité vraie parce que je suis farouchement attachée à mes secrets, ce que je distribue sans arrière pensée c’est le sommet de l’iceberg rien d’autre : un ressenti qui puisse résonner en chacun, la part d’universel en moi. Le chagrin, la solitude, les rêves brisés, tout ça n’est pas simplement humain? J’ai besoin d’échanger, grâce à ces écrits personnels je me sens en phase avec les lecteurs et lectrices, surtout celles et ceux qui portent leurs peines en silence, « Les lapins sans fourrure ».

Je suis leur porte parole.

Est ce que j’ai fait des révélations sur ma vie sexuelle (ou pas) sur mes penchants secrets mes fantasmes, est ce que j’ai décrit les abus que j’ai subi en donnant des détails précis et cliniques, est ce que j’ai déjà offert en pâture des pans croustillants de mon parcours de femme?

Non.

Donc je balaie d’un revers agacé ces critiques qui m’ont tout de même troublée. Je me suis dit « ma pauvre fille tu déballes ta vie devant tout le monde sans aucune pudeur c’est dégueulasse », oui j’ai été prise d’un doute sur l’utilité de mes écrits ce n’était donc que de l’indécence auto centrée? J ‘ai ressenti un sentiment de honte. Mais bon c’est le jeu, tu donnes tu ne reçois pas que des roses.

Alors j’ai décidé de continuer parce que je ne suis qu’un grain dans l’univers (j’arrive à placer cet adage dans presque tous mes posts!) Et je pense sincèrement qu’en polissant ce grain minuscule en l’observant en le décrivant je communie avec mes lectrices et mes lecteurs, je partage de l’humanité et cela me fait du bien.

On ne choisit pas ses lecteurs. Certain(e)s peuvent avoir des motivations inavouables faites de curiosité malsaine : « Quand est ce qu’elle crache le nom de sa « maladie », elle s’est faite violer ou pas? Jamais, parce que cela n’a aucun intérêt, justement tout est là. Pourquoi nommer les choses précisément je préfère en faire le tour, en décrire les effets, les conséquences ainsi de nombreuses personnes peuvent se sentir concernées par ce que je dis de la douleur, de la cruauté de la vie, de sa beauté sauvage aussi.

Je dois bien l’avouer si ce blog n’avait qu’un but artistique je n’écrirai pas ce post et il y en a d’autres qui sauteraient. Dans la création, dans ce processus fragile il y a des creux des faiblesses des vides, et même des trous noirs. On ne peut pas raconter que les phases d’excitation de trouvaille unique, d’action forcenée. Cela ne se passe pas comme ça.

Après VDf et l’exposition j’espérais rebondir comme une kangourou. Dans un fondu enchainé artistique du plus bel effet. Ce n’est pas exactement ce qui s’est passé. J’ai réussi à mobiliser mon énergie pour construire un série de petits formats à l’acrylique ( je suis masochiste, j’essaie de vendre mes travaux artistiques sur des marchés de Noël en belle courge royale que je suis, il vaudrait mieux que je me mette au « food Art » dans ce cas ).

Pour l’occasion, en un petit mois j’ai produit toute une série faite de nus et de paysages, deux thématiques que je n’ai pas abordé depuis les beaux arts. Concernant le paysage, ce sujet me titille depuis quelques années sans oser l’aborder. Bon ce n’est pas du « grand art » ni de la création made in Peintresse Ka, j’avais juste envie d’être invisible de me fondre derrière mon sujet avec modestie.

J’ai dessiné des pins de l’eau, un ciel laiteux des corps nus. J’ai peint les Landes que j’aime tant. J’ai tracé ces formes simples archétypales et rassurantes, des arbres élancés, élégants, un lac turquoise la vie rêvée. Tout ce que j’ai envie de rejoindre pour la dernière phase de ma vie, et ben oui…

Postpartum?

Après la seule « grande » exposition que j’ai fait en 2003 à MixArt Myrys je suis tombée enceinte donc je n’ai vraiment pas eu le temps de me poser des questions sur la suite à donner à ma carrière. Je ne savais pas dans quoi je m’engageais au niveau émotionnel mais aussi au niveau physique. J’ai arrêté de peindre pendant toute ma grossesse et après la naissance de Saskia j’ai acheté un Mac d’occasion, une tablette graphique pour renouer avec la création j’ai également produit de minuscules tableaux que j’ai appelé mes « kitchen paintings », je les ai peint sur un coin de table dans ma cuisine.

La suite? j’ai découvert les réseaux sociaux et les blogs que l’on peut nourrir au quotidien avec une production réelle ou numérique, des réactions immédiates de lecteurs assidus et très réactifs, c’était grisant. Ce fut la période ArtistikkkbranletA sur Arte Blog dont j’ai déjà parlé, entre enthousiasme et désillusion.

Postpartum?

En 2021 la conjoncture est très différente. Je travaille de manière régulière (on va dire plutôt comme un métronome) cela depuis 2013. L’art est devenu quotidien et finalement moins investi de fantasmes puisque je produis avec régularité. J’ai le projet d’exposer mais cela n’est pas ma priorité. Je préfère faire que montrer. C’est la rencontre de Katia qui m’a donnée envie de plonger dans l’eau froide. Merci Katia de m’avoir poussée un peu, je ne regrette pas !

L’exposition elle même s’est bien passée, j’ai eu quelques visites émouvantes le jour du vernissage notamment, et aussi pendant le temps de l’exposition. J’ai ainsi retrouvé une amie perdue du temps des beaux arts on ne s’était pas vues depuis plus de 30 ans! Comme c’était à Saint Macaire je n’ai pas pu aller constater si j’avais des visiteurs, échanger avec eux, je ne conduis pas à mon grand regret. Mais le livre d’or contient quelques petits mots adorables et encourageants qui font chaud à l’âme. J’ai bien fait de faire des petits formats c’est eux que j’ai vendu gagnant ainsi quelques sous, ce qui n’est jamais à dédaigner.

Alors…. Quoi?

Nous sommes en 2021 je n’ai plus quarante ans mais cinquante huit, la conjoncture est assez sombres et ce n’est pas un petit évènement personnel qui peut changer la couleur du temps. J’ai une grande fille qui va passer son baccalauréat option Arts parce qu’elle désire devenir décoratrice ou architecte d’intérieur. Mais avec quels moyens, je ne peux vraiment pas assumer ses études seule, juste l’aider un peu. Il faudra donc qu’elle travaille fasse des études en alternance ou les différer, on est pas dans la caste des petits bourgeois.

-Saskia: « Maman je veux faire Met et Penninghen à Paris, l’inscription n’est qu’ à 5000 euros steupléééé . »

-Moi: « mais bien sur ma chérie cherche un appartement je me charge du reste… »

Quand on a pas l’argent il faut garder un peu d’humour… N’empêche, elle va devoir développer des compétences que les enfants gâtés ne connaissent pas c’est bien, j’ai confiance en sa pugnacité et son courage. D’autre part je vais allègrement vers mes soixante ans. Et comme j’ai vécu à rebours (chaque année vécue est une année gagnée) le résultat c’est que je ne me suis pas rendue compte que je vieillissais… La blague!

« Tout à coup » je réalise que je vais rentrer dans la dernière tranche, my godness ! Ce ne sont pas les rides qui m’angoissent ni la perte évidente d’un pouvoir de séduction illusoire. Pouvoir qui a été plus un fardeau qu’un avantage pour moi. Je me rends compte brutalement que la réalisation de mes rêves chimériques, ceux qui m’animent depuis la plus tendre enfance ont une durée de péremption qui se rapproche et je me dis : « alors tu seras donc passée à côté de la vraie vie, sans la voir sans la sentir, sans en jouir de manière directe toujours à la poursuite d’une chimère inaccessible ? » Vertige.

Et ça veut donner des leçons de sagesse?!

Je sais que ce n’est qu’ une période à l’acide qui passera (privilège de l’expérience), mais en attendant je bute contre quatre murs qui m’enserrent et m’étouffent. Vidée, complètement épuisée par les combats permanents que je mène depuis 1989 non depuis 1963 en fait.

Comment font les gens?

Le projet « corps noir » est trop grand pour moi pour le moment, je n’ai pas la force de le porter, et surtout je n’ai pas du tout envie de démontrer ni de dénoncer quoique ce soit. Je veux avoir la rétine qui pétille de couleurs, de matières oui c’est ça, juste la matérialité la réalité d’un bleu indigo d’un jaune de Naples. M’en mettre jusqu’aux joues, comme quand j’avais 5 ans.

Dans le désert, il ne sert à rien de crier. Alors.

« Faire de la peinture comme on respire, comme on regarde un feu de manière hypnotique… »

Sans aucun autre but que celui de me sentir vivante.

Oui je veux bien, oui.

Dés que je pourrai.

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Voici quelques tableautins que j’ai fait au mois de Novembre pour le marché de Noël du 04 décembre 2021. J’aurais mieux fait de rouler des crottes en chocolat.

I’m a late bloomer…

L’effort paie c’est ce qu’on dit aux enfants mais les enfants préfèrent jouer et ils ne comprennent pas. J’ai longtemps été une enfant je dirais même que j’ai gardé mon âme d’enfant et le sens de l’effort, du travail je l’ai acquis tardivement. Tout semblait facile.

Passé: J’ai brulé ma vie pour vivre des sensations éphémères et dangereuses j’en avais besoin. Un jour je me suis fracassée en plein vol me retrouvant à terre alors là oui d’un coup j’ai compris. Aujourd’hui tout ça est loin et j’ai vécu plus longtemps après le fracas qu’avant ce qui est en soi une vraie performance. Je dirai que mon art c’est avant tout de rester en vie cela prend beaucoup de temps et ce n’est pas spectaculaire.

Présent: nous sommes en Juin 2021, et le temps est très chaud, au fond de l’horizon je vois de gros nuages en forme de champignons nucléaires, volutes de chantilly bleutées tirant sur le gris. J’aime tellement regarder le ciel il vous remet immédiatement à votre place de grain dans l’univers.Radical. Vous avez essayé de peindre des nuages?

Rappel: il y a quelques mois pour le jour de mon anniversaire Katia m’a appelée et m’a annoncé que j’étais choisie pour faire une exposition chez les Simones… Impossible d’imaginer un plus beau cadeau que celui là, Katia, son sourire malicieux et sa voix chaleureuse. Nous avons la même vision du monde un peu douloureuse et remplie d’espoir. C’est elle qui est venue me chercher, me pousser dans mes retranchements, qui m’a persuadée que je pouvais le faire que c’était le moment… Allez fonce!

J’ai commencé à regarder mon projet VDf de manière globale et j’ai listé ce que je devais finir sur quoi je devais réfléchir. Depuis j’y travaille tous les soirs je ne vois pas trop le paysage, je fonce tête baissée afin d’être au maximum de mes capacités pour Septembre. Car cette exposition commencera début septembre.

Mais quel bonheur.

Pas d’exposition depuis Décembre 2003 … J ‘ai créé bien sûr, je ne suis pas restée les bras croisés bien au contraire mais, je n’ai plus eu l’occasion de montrer mon travail dans de bonnes conditions. J’ai fait des décors pour des spectacles de danse, j’ai créé un mandala pour une performance de paix et de concorde à Saint Macaire justement, avec une professeur de danse indienne Karine une femme adorable. J’ai fait ce que j’ai pu dans les limites de mes possibilités. Jamais assez à mon gout avec toujours cette sensation de frustration permanente. Comme si le temps jouait contre moi. Le temps de la féminité avec ses journées à rallonges, toutes les tâches à accomplir pour les autres, le sacrifice permanent de soi, de son être profond. Sans jamais la moindre gratification pour ce sacrifice consenti.Comme si tout ce que nous faisions pour les autres était un dû.

Genèse du projet VDf : c’est arrivé comme un coup de tonnerre, j’avais pris la sainte habitude de travailler tous les soirs chaque jour de la semaine du mois de l’année. ceci depuis Janvier 2013 l’année de mes cinquante ans. J’étais épuisée mais je ne lâchais rien. C’est alors que Saskia est rentrée du collège et me l’a annoncé: Nathalie sa professeur de danse avait été victime d’un féminicide brutal. Nathalie était morte parce qu’elle voulait vivre, partir. Ainsi non seulement les femmes se doivent de prendre tout en charge de se sacrifier, mais elles n’ont pas le droit de décider de se libérer du joug. Elles ne s’appartiennent pas en fait, elles sont objets et non sujets. Un homme peut décider qu’elles ne vivront pas sans lui, hors de lui.

Est ce qu’une femme peut commettre ça?? Oui il y en a forcément mais je crois que c’est au alentour de 3 pour cent, tout à fait anecdotique au regard des meurtres perpétrés par le patriarcat.

En moi ce fut comme une tornade, un sentiment de colère mêlé de peine immense, de vide de gâchis.Saskia était choquée elle répétait: »pourquoi Maman? »

Oui….Pourquoi?

Je me suis dit « comment je peux faire vivre cette émotion, lui rendre hommage? ». Nous (Nathalie et moi) avions discuté quelques semaines auparavant, assises sur le tapis de danse, dans son studio aux mille glaces. Elle fumait une clope parlait vite de son projet de sa passion du spectacle qui était prévu, très intime très lié à son histoire familiale elle était passionnée et passionnante j’étais charmée. je lui avais montré ma proposition(sous forme d’un gros dossier de croquis), elle avait trouvé cela bien et je m’étais mise au travail joyeuse. Ce n’était pas une amie c’était plutôt une sœur, une femme artiste qui se bat pour exister, mais je ne savais pas quel calvaire elle vivait au quotidien. Chacune avec sa peine bien rentrée, il ne faut montrer que le sourire aux dents bien brillantes et pointues de louve, cacher l’agneau entravé : pudeur.

Alors c’est arrivé « tout seul « comme souvent chez moi. Je réfléchis beaucoup en amont mais sans objet sous forme de prises de notes informelles ou de croquis numériques, de regards furtifs sur la beauté du monde, de larmes salées qui coulent et ruissellent tendrement. Tout peut faire sens, il suffit de faire les liens

J’avais ces centaines de lingettes que je conservais depuis des mois alors j’ai commencé à les assembler en pensant à elle et son sacrifice total, sa disparition insupportable. En fait je la connaissais peu mais elle devenait « Tout »pour moi , elle était à présent dans son absence le symbole de toutes nos frustrations. Je reliais ces petits bouts de lingettes grisâtres ensembles, cela n’avait pas encore de sens, j’en avais juste besoin. Relier, assembler pour comprendre pour donner une signification aux éléments éparpillés à la désintégration symbolique du Monde.

C’est cela oui: Donner du sens à sa mort absurde. Du sens à ma vie minuscule et invisible. J’avais des problèmes aussi dans ma vie personnelle mais pas à ce point, pas au point de craindre pour ma vie, j’étais juste ignorée traitée comme une femme psychologiquement fragile et instable. Comme de nombreuses femmes je me sentais niée. Une année est passée et j’ai continué à coudre tous les soirs ainsi le projet est apparu comme par magie, je ne vais pas en reparler ici parce que j’ai consacré plusieurs posts à expliquer la substance de cette démarche. Vous pouvez y avoir accès ici :

Le grand dais mesurant 8,80 m doublé de toile de métis(lin et coton).

https://lapeintresseka.com/2019/01/19/over-the-rainbow/

et là:

https://lapeintresseka.com/2020/02/19/des-choses-minuscules/

Happy End? J’ai enfin quitté l’homme avec qui je vivais, je suis restée seule dans la maison avec ma grande adolescente de fille. Cela a été très difficile de vivre avec elle la confrontation de femme à femme en devenir. J’étais, je suis le rempart, sa seule référence. Celle qui doit tenir coute que coute contre les vagues qu’elle balance obstinément sur moi. Pas question de me noyer…

Je me suis construite une vie monacale, répétitive qui pourrait paraitre ennuyeuse de l’extérieur mais il n’en est rien, je n’ai jamais été aussi concentrée sur mes buts mes aspirations et cette exposition qui arrive comme un cadeau du ciel…. Je ne cherche pas vraiment à me remettre en couple. Je ne sacrifierai plus rien pour un autre être quel qu’il soit, seule ma fille peut me faire abandonner mon ouvrage quand elle a besoin de moi de mes bras, de mon écoute. Je suis entièrement là pour elle j’ai choisi d’être mère et je l’assumerai jusqu’au bout.

Je travaille chaque jour, je dois peaufiner mes broderies, coudre la doublure affreusement lourde du grand dais de peine, peindre le visage de chacune des poupées qui formeront l’essaim aérien dans un coin de mon installation.Et commencer à envisager « l’artist-stament », le texte de l’exposition les photos pour le flyer toutes ces choses que je déteste gérer (seule la tâche de création m’intéresse ), je ne suis douée que pour ça alors me mettre en lumière… Mais bon je vais y arriver je dois le faire c’est tout. Je n’ai plus d’état d’âme.

Je le vois  » in situ » ce travail de plusieurs années cette réalisation méthodique, modeste, têtue comme je le suis. Dans la belle salle galerie des Simone, la mise en scène je l’ai déjà dans la tête et ça me fait sourire toute seule.

Maintenant j’espère que le public se laissera embarquer dans mon univers, je crois qu’on peut y trouver plusieurs choses à ressentir,enfin… J’espère. Il y a un moment ou il faut lâcher prise, montrer c’est perdre la maitrise.

Louise B me regarde et me sourit. Ok ça va le faire!

Je suis entrain de réaliser mon rêve d’enfant. Plus que jamais. Quand j’étais plus jeune et que j’ai eu l’occasion d’exposer à Paris, Bruxelles ou Toulouse dans des lieux underground et branchés je ne réalisais pas vraiment ce que je faisais là, je n’étais pas complétement satisfaite de ce que je montrais parce que je ne travaillais pas suffisamment. C’était plus une affaire de brio que de démarche réfléchie, de geste intimement vécu jusqu’au tréfonds de mon ventre. Maintenant il est question d’un travail qui abime mes doigts, mes yeux et mon dos.

Un acte libérateur et juste.

Comme quand Nathalie tournoyait en arabesque folle pour montre à ses élèves le mouvement parfait.

Des années de travail pour le tenir ce mouvement là et encore ….

Je suis une femme d’abord oui. Je suis une artiste une peintresse qui se bat pour montrer qu’elle existe hors des sentiers communs. Âgée oui , je suis une fleur tardive: « a late bloomer » comme disent les anglo-saxons. Mais toujours vivante.

Je remercie l’équipe de Simone et les Mauhargats pour leur confiance, je ferai en sorte de donner le meilleur pour que nous puissions partager un moment délicat d’art de poésie.

Et alors? Manger des nuages…

J’ai enfin terminé la broderie au point bourdon de ma dernière tenture qui est en forme de croix allongée. Pour les dernières œuvres je suis sortie du cadre rectangulaire. J’ai voulu évoquer des croix car le destin féminin c’est souvent un parcours douloureux rarement couronné de gloire ni de reconnaissance. Aujourd’hui les mentalités changent doucement et l’on tire de l’oubli des peintresses, des écrivaines des ingénieures. Toutes effacées, oubliées , parfois spoliées (dans le domaine scientifique notamment) Camille I love you.

Je commence donc la dernière phase de cette série: doubler le dais fait de lingettes celui qui mesure plus de 8 mètres et qui sera la pièce maitresse de l’exposition. J’assemble 8 mètres de drap lourd (métis) au dos des lingettes. Impossible de coudre cette doublure en une fois, alors j’enroule le dais je maintiens la longueur avec deux ficelles et j’ajoute mètre par mètre de tissu. Ce n’est pas difficile c’est juste un travail de patience et de précision. Mon annulaire de la main droite semble creusé au niveau de la pulpe du bout du doigt cela forme un petit cratère dur et sec, c’est la trace de l’aiguille que je dois enfoncer dans les multiples couches de matière. L’art laisse son empreinte dans ma chair!

Finalement dans le monde obscur ou nous sommes plongé(e)s cette tâche de longue haleine est parfaitement adaptée. Je ne me demande pas ce que je vais faire le soir j’attrape mon gros tas de tissu je le pose sur mes genoux et j’assemble en écoutant un podcast d’Arte, ou une série sur Netflix.

Une fois que j’aurais terminé ce travail il faudra que je mette tout ça en forme pour pouvoir l’exposer. Parce que pour une fois je suis vraiment convaincue par ce que j’ai fait. Je veux le montrer j’ai les mots pour le décrire, tout fait sens. J’ai passé mon été à faire des croquis de scénographie parce que pour une fois et alors que je n’ai pas encore fini, j’ai déjà une proposition de lieu d’exposition sérieuse. Et même si cela ne fait pas là je suis prête à aller taper à différentes portes pour trouver un endroit, je me sens solide pour défendre ce projet. Ce qui m’empêche ce sont plutôt les conditions actuelles de vie, l’incertitude qui règne partout, cela a quelque chose de terrifiant de ne pas pouvoir se projeter.

J’ai déjà commencé une nouvelle série dont j’ai parlé dans le dernier post « Strange fruit », c’est encore très flou mais petit à petit en relisant des textes, en faisant des croquis j’avance. En fait ce travail je le vois déjà terminé ce qui est assez étrange cela ne m’est jamais arrivé, mais je sens que je vais devoir mettre beaucoup de moi même et ce n’est pas exactement ce que je projetais de faire après VDf, ce que je visualise: de grandes toiles de tissu qui pendent avec d’immenses portraits peints dessus à grands traits avec beaucoup de couleur une envie de Gauguin, du douanier Rousseau de Rembrandt, des poupées de grande taille qui pendent également « les fruits étranges » , une installation numérique avec les textes de mon ami Régis Roux et des flots d’images celles que j’aurais produit et d’autres qui sont dans le domaine public. J’avoue, j’en ai assez de ne parler que de problèmes qui me brulent parce que je n’ai pas de peau, j’en ai marre d’incarner la cloche impériale résistante. Je rêverais de peindre une desserte rouge, un bouquet de tournesols, quelques pins désolés un soir de Septembre avec une belle palette de mauve de jaune de chrome de rouge sombre, une palette qui ne vaut que pour elle même: la couleur en majesté.

Cela voudrait dire que j’ai trouvé le repos mais je ne suis pas sure que cela soit mon destin, peut être. Je ne comprends pas notre monde, ni les complotistes que je trouve ridicules voir dangereux ni ceux qui suivent aveuglément les restrictions gouvernementales sans se poser de questions sur la perte de nos liberté, sur le sens de cette vie qui n’en a plus enfin pour moi. Je ne comprends ni n’accepte pleins de choses que je trouve violentes et injustes en fait, mon petit confort mon bonheur individuel ne peut pas me suffire.

Ou sommes nous là maintenant?

Mais bon je dérive, ce blog parle de couleurs, de lumière, de travail acharné, d’inspirations fugaces et trompeuses. Ce blog pose des questions d’ordre plastique. Toutefois l’artiste(moi en l’occurrence) vit dans un monde donné il n’est pas hors sol. Et je vois bien que de nombreuses formes d’art sont entrain de s’étioler jusqu’à disparaitre c’est épouvantable. Je suis solidaire des artistes qui ne peuvent plus travailler. Les arts vivants sont les plus touchés mai pas que… Je connais des artistes peintres qui restent secs en ce moment, et je les comprends parce que je fournis un effort monumental pour continuer c’est ma santé mentale qui dépend de ma production alors je « force » l’inspiration je me fais violence, pas envie? « ta gueule tu continues! »…On a que cette vie et j’ai passé le plus clair de la mienne à me battre pour survivre alors j’ai pas le temps pour la dépression profonde. Covid ou pas, confinement ou pas, solitude absolue ou pas, j’avance.

Bien sur je me sens triste et déprimée, pas la peine de se mentir, mais je ne suis pas la seule je crois !

J’ai envie d’un grand repas avec les ami(e)s la famille, une grande table couverte de victuailles variées du vin de l’herbe des gâteaux et du pain frais. J’ai envie d’une journée chaude qui s’étire lentement avec des rires d’enfants et des chaises longues parsemées dans l’herbe. Une fête pour rien, juste pour se retrouver.

Cher(e)s lectrices et lecteurs je vous souhaite une belle année nouvelle que l’énergie du vent nous emporte.

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La dernière tenture avec des vignettes décrivant le déroulement du processus de création. Automne 2020

 

Quelques croquis et travaux numériques autour du « corps noir », qui peut se déployer en » corps étranger » pour ouvrir la problématique. Ce qui n’est pas blanc, occidental est « autre ». Plusieurs axes de travail de ce corps consommé vendu annihilé: le corps nourricier, le corps érotisé, le corps envié et donc abimé et traité comme un déchet, le corps en majesté pour renaitre. Il y a de quoi faire …. L’étoile brillante de cette série: Sarah Baartman dite la Vénus Hottentote dont l’histoire à la fois fascinante et terrible me permettra de relier entres eux chaque parti pris. Voilà ou j’en suis, ce n’est que le début.

foi

J’ai abandonné ce blog  mais il continue à vivre sa petite vie avec quelques visites par semaine. C’est peu mais c’est juste ce qu’il me faut.J’avais un grand chantier cette année et cette période restera ancrée en moi de manière profonde. Sans mettre de mots précis sur mes maux je vous ai déjà dit que j’étais atteinte de deux maladies graves.Je suis guérie de l’une des deux, vous avez bien lu : guérie.

Hosanna

Après un moment de stupeur et d’incrédulité j’ai enfin réalisé ce qui m’arrivait. Il est donc écrit quelque part que je devais vivre le pire et le meilleur. Je ne connais pas l’entre deux ,le juste milieu, le fade, l’ordinaire, l’ennuyeux. C’est un fait c ‘est comme ça et cela me va très bien. Je disais donc que j’ai abandonné ce blog mais pas pour autant la création ni l’écriture . Je dirai même que je suis plus créative que je ne l’ai jamais été … Cela part un peu dans tous les sens (en apparence) mais ça avance doucement. Ce que je n’écris pas ici je le note dans mes différents carnets, des petits, des grands,un magnifique que m’a offert Francis pour Noel en cuir brun avec des feuilles faites au Tibet. J’ai moins l’envie de partager mes recherches. D’un coup cela m’a paru vain, pécher en haute mer cela a quelque chose d’épuisant : cette immensité…et vous avec votre petit filet minuscule quelle chance avez vous de récolter un gros « poisson »?

Je devais me concentrer sur mon traitement sur mon corps, ne surtout pas m’éparpiller. C’est vraiment un tendance forte chez moi, j’ai trop d’idées j’en dors mal la nuit et si je dois dire tout ce qui me passe par la tète ,expliquer tous mes projets en cours et ceux qui sont sous forme de croquis ou texte dans mes carnets je vais paraître vraiment comme quelqu’un de dilettante et fantasque, pas comme une véritable « artiste » qui travaille dur pour mener à bien ses différents projets.

J’ai passé pas mal de temps à la confection de dessins en noir et blanc pour un projet de fanzine avec un ami, mais cela n’a débouché sur rien dommage parce que j’y ai mis beaucoup d’énergie.

j’ai commencé à coudre des petites entités « magiques » que j’ai mise en vente sur « Etsy » et « Littlemarket « mais cela n’a séduit personne en tout cas pas au point de m’en commander une et de l’acheter…Alors j’ai arrêté pour l’instant ayant tout de même en cours 4 petites poupées fétiches avec une tète en argile.

Actuellement je suis entrain de faire des pièces de tissus peintes brodées qui serviront d’ornements pour des travaux futurs, j’adore coudre, tailler dans le tissu, broder.Cela m’apporte une grande sérénité et me permet de me reconnecter avec mes racines profondes notamment Marie Blanche la couturière modiste talentueuse qui fut ma tri aïeule.D’un autre coté j’ai été sollicité par un ami poète Régis Roux pour accompagner son travail sur le minéral. Il se promène et ramasse des galets  les mollasses de Gallaure, il les dépoussière et les photographie c’est une quête presque mystique solitaire. De mon coté j’essaie de donner une représentation plastique de sa démarche, lui  écrira des textes lorsque j’aurais terminé mes dessins.De cela je reparlerai bientôt.

Pour finir,  je continue ou plutôt je reprends un « vieux » projet laissé en suspens, j’en ai déjà parlé ici: Pixel bleu . Je sens vraiment que je tiens là quelque chose d’important pour moi. Je juge cette série en cours (une grosse vingtaine de travaux ) tout à fait cohérente avec tout ce que j’ai pu exprimer ici, sur le deuil, mon gout pour l’organique, mon amour fou de la peinture et de la vie. Cette série est dans l’esprit du « nicht-noch-sein » qui a commencé avec une toile qui s’appelle « c’est arrivé tout seul » ici:c’est arrivé tout seul

. Le texte fondateur du Nicht Noch Sein ici : nns.

Je rangeais mon atelier et  j’ai sorti tous les tableaux se rapportant à ce projet, j’ai décidé de ne plus le lâcher, de le finir.

C’est vraiment un travail de série  avec toujours les mêmes « ingrédients » et différentes variations .Les fonds sont tous bleu outremer mâtiné de bleu cobalt en aplats très lisses.Ce fond n’en est pas un en fait parce qu’il entoure la forme qui est faite indépendamment.Des formes aléatoires, molles, » poulpes », morceaux de chair occupent l’espace de manière plus ou moins importantes.Ces silhouettes non figuratives sont le sujet de cette série .Elles sont peintes en nuances très subtiles et délicates de tons de roses passant du nacré bleuté jusqu’au orangé violacé.Mon but est de créer des fenêtres sur mon univers intérieur qui s’articule en transcendance (le bleu) et la chair incarnée.C’est avant tout un travail de passage entre le monde des vivants et celui des morts en l’occurrence mon ami Pixel parti trop tôt. Celui ci créait des petites échelles en fer argenté qui étaient sensées nous amener dans l’inconnu.

Qu’est ce qui fait le sens de cette série?

Voilà ce que j’ai écrit  dans mon carnet , en date du 08/08/16 : « Je suis partie d’un sentiment, d’une couleur, d’une absence cruelle. Bleu pour l’infini , chair rose du corps de Pixel. Quand j’ai commencé cette série j’étais sans filet, sans fil directeur sans savoir ou j’allais. Sur le fond intense qui sera  uni et brillant grâce à de bonnes couches de vernis, une forme flotte s’inscrit fluctuante, molle, découpée comme un corps improbable sur le fond bleu.Forcément je ne peux pas m’empêcher de penser aux anges et aux cieux azurés des tableaux anciens de la Renaissance.Que symbolise cette forme pour moi? Elle est le signe de vie, une vie moléculaire peu élaborée mais en constante évolution.

Cette forme aux teintes chairs devient intrigante par sa répétition sur chaque toile, forme « rejouée »comme une note obsédante mais jamais identique comme si la série pouvait durer toute une vie.Cette forme organique est « le motif » de mon travail.

Par là même, je cherche à évacuer le souci narratif. En laissant la « bulle rose » faire son travail de captation du regard j’espère attirer le regard du futur spectateur.

Elle est molle ma forme et rose, un peu tentaculaire dans certains tableaux , il y a forcément quelque chose du sexe (masculin et féminin). On peut discerner une certaine angoisse qui se cache derrière les aplats bleus intenses et ces formes roses évanescentes. Rose et bleu….La fille et le garçon. Rose comme l’iconique rose de la peau du cochon (qui n’est pas si rose que ça dans la réalité), ce rose donne un coté un peu mièvre, il y a de la joliesse, du caricaturalement « féminin », du callipyge, de la graisse qui s’élève comme poussée par l’espoir. Il y a du désir de la Chair. Bleu comme l’éther sans nuage, comme un monochrome d’Yves Klein, le bleu d’une mer méditerranée sans vague, du bleu de vitrail gothique vibrant de lumière, bleu comme la transcendance, bleu utilisé comme l’or des icônes  ..

La forme rose et dégoulinante comme la représentation de l’inconscient sur ce fond bleu sec, lisse sans faille comme représentation du surmoi. »

Je ressens un immense bien être à peindre cette série qui était au départ une forme « d’ hommage » et qui devient pour moi un véritable Manifeste.Le Nicht Noch Sein m’obsède. J’ai besoin de cette notion de « non forme », de « non fini ».La notion de perfectionnement possible me laisse un espoir, une ouverture, une place pour mes rêves.

Si j’arrive à peindre ce que je sens, j’aimerais que cette série fonctionne comme une projection de l’inconscient du regardeur.

Sera t il séduit, sera t il ennuyé par cette répétition, sera t il dégoûté au fond de lui, se laissera t il emporté par mes formes jusqu’à laisser flotter son esprit …? J’ appelle cette forme de peinture « l’abstraction méditative » cela peut paraître pompeux, c’est ce que j’ai trouvé de mieux pour expliquer ma démarche.

Voilà, ce n’est pas parce que l’on entre en silence qu’on devient inexistant. Ma prochaine « épreuve », croire suffisamment en moi, faire sauter les verrous de mes vieilles croyances et démarcher pour présenter ces travaux quelque part hors du ventre de la maison.

J’ai très mal au dos, parce que j’ai très peur…de m’exposer au Monde avec ce que cela implique de possibilité de rejet ,d’incompréhension, de jugement.J’ai peur de me donner une valeur parce que même si mes écrits semblent me représenter comme une personne sure d’elle …C’est tout le contraire ma petite fille intérieure hurle encore que je ne suis rien, que je ne vaux rien.

abc

autoportrait.2

Je n’ai pas de mots qui sortent de la bouche.

Je suis rentrée dans mon hiver, dans la grotte profonde de l’ogresse, dans une période de travail et de solitude. La solitude je la connais, elle fait intiment partie de moi, de mes cellules. Nous devons tous s’y confronter un jour ou l’autre et même,  ne plus compter sur « l’autre », celui qu’on prenait pour l’alter ego. Il n’y a pas d’alter ego il n’y a que soi.

Le regard interrogateur et câlin  que je posais si souvent sur moi-même à travers la cérémonie du miroir n’est plus, à quoi bon faire le détail systématique des traces provoquées par le Temps?  Du temps qui passe j’en ai déjà parlé ici et ailleurs… Il vous dépouille tranquillement et vous laisse sur le sol face à vos contradictions, vos erreurs, vos peines.Le Temps fut très longtemps un ennemi pour moi, contre lequel je luttais (encore une année de gagnée sur..) tant et plus que je suis arrivée à 52 ans sans m’en être rendue compte et de l’automne d’une vie que je ne croyais jamais connaitre à grande vitesse je m’approche.Je suis prête finalement car de mon enveloppe corporelle qui fut désirée, malaxée, aimée je me détache sans encombre .Ouf je ne serai donc pas ce genre de femme qui ne savent ni ne peuvent  vieillir sans souffrir courant sans fin contre le ravage des années, qui marque son empreinte sur le visage sur le corps, de manière impitoyable mais… juste. Mieux vaut plier comme le roseau et accepter l’inéluctable, en essayant de changer de rôle, en essayant de changer de point de vue.Finalement ce n’est pas si difficile.

C’est ce que j’ai cherché à évoquer avec cet autoportrait qui s’enfonce au plus vif de la chair apparente et fuyante jusqu’aux traces que j’ai laissé sur la « toile » , mes mots s’impriment sur la peau fragmentée, tachée de noir comme les évocations du néant qui parfois m’envahissent, tachée de lumière celle que je recueille dans mon isolement, dans le silence de la création quotidienne, acharnée. Non je n’arrêterai pas de dessiner,d’écrire ,de coudre ,de rêver et de peindre. J’aime de plus en plus mes mains qui fidèles ouvrières sont toujours là pour répondre à mes demandes. Elles s’activent parfois douloureuses et un peu « tordues » comme de vieilles branches, qu’importe : elles sont mon trésor.

Je ne dirai plus : »regardez moi » mais….

…..regardez juste un peu ce que je fais.BIB

 

Réparation

Il y a une chose positive qui me restera de cette exposition avortée c’est le fait que j’ai ressorti tous les travaux en ma possession, que j’ai tout noté sur une feuille en décrivant les peintures en les nommant,en les datant. Un vrai travail d’archivage fastidieux mais extrêmement fructueux car il m’a permis de prendre du recul face à son propre travail ,construire des ponts ,faire les liens, se rendre compte des thèmes récurrents, voir obsessionnels qui animent mon « œuvre ». Je me suis rendue compte de l’état lamentable de certains boulots qui ont mal supporté les différents déménagements (je ne reste rarement plus de six à huit ans dans un lieu  , quelque chose me pousse irrésistiblement en avant, ailleurs, plus loin, plus près de l’océan devant lequel je voudrai finir mes jours et mourir. Je me suis rendue compte également du peu d’investissement de ma part dans la présentation des travaux.Tout a été fait « à l’arrache » volontairement oui mais inconsciemment pour ne pas aller au bout du processus de création : montrer son travail.Pour l’exposer il faut le rendre « montrable « justement, et moi je ne l’ai jamais mis en valeur, préférant user de supports tirés du rebut, de la rue, des poubelles.Travailler sur des matériaux indignes, abandonnés, mal coupés, mal finis afin qu’ils deviennent des œuvres d’art, faire jaillir la beauté le raffinement d’un débris c’était mon objectif et c’est aussi une métaphore qui répond à la façon dont j’envisage ma personne : invisible, sans importance je suis celle qu’on abandonne sur le bord du chemin et je n’ai pas de larmes qui sortent des yeux je reste silencieuse en attendant que quelqu’un me voit enfin, à ma juste valeur ?

Je suis un petit soldat au garde à vous et malgré la peine qui me transperce en ce moment je lutte contre la dépression en continuant à travailler justement sur cette question de la présentation. J’ai sorti tous mes travaux et je les rafistole, dans le but de pouvoir les montrer quand cela sera possible; je fais des gestes nouveaux pour moi, des actions que je croyais incapable de mener ,maniant la scie, la pâte à bois ,le papier de verre.Un fois de plus je me rends compte que ma mère a eu une influence néfaste sur mon comportement en ne me faisant jamais confiance, en ne me laissant pas toucher à la boite à outil, en me persuadant que j’étais INCAPABLE de m’exercer sur le terrain des réalisations concrètes. Le fameux bricolage qui m’a toujours fascinée quand j’allais fouiner dans le grand garage de mon arrière grand père, son établi, cette odeur de graisse je l’ai encore dans le nez et les multiples outils accrochés au mur comme des trophées m’enchantaient.Les pots de confiture recyclés en pots à clous étaient rangés avec rigueur. J’adorais cette ambiance masculine poussiéreuse et rassurante. Mais moi j’étais dédiée aux réalisations intellectuelles ,abstraites comme c’est réducteur et comme c’est loin finalement de mon tempérament de camionneuse enfoui… ! Après le bac je voulais faire des études pour réaliser des objets, des chaussures je rêvais de design en fait  mais ma mère a refusé, j’en rêve encore…

Dans le même temps je commence une grande série qui s’intitule « réparation » justement. En posant les couleurs je réfléchis et j’ai trouvé que c’était signifiant, constructif ce terme de réparation, celle des mes anciens tableaux et aussi celle de mon âme blessée, je me suis sentie trahie par ce type infect et travailler semble la seule manière de reprendre la main.De plus je ne suis pas insensible à ce qui se passe sur cette Terre, je suis peintre alors j’essaie dans mon coin de contribuer à un nouvel ordre du Monde en créant de l’harmonie à l’aide de mes couleurs, c’est tout le projet du Mandala, j’y puise la force et des réponse à mes questions existentielles. Je me moque des rires sarcastiques…Il y a dans cette réparation du rouge de VeniseIMG_4325, du vert de vessie, du blanc, du noir, du bleu outremer, du rouge garance, de l’orangé, il y a mes formes récurrentes (en cela le dessin quotidien a permis de bien définir ce que j’avais envie de tracer, de montrer), il y a mes thèmes de prédilection que je dessine depuis tellement de temps que je pourrai le faire les yeux fermés, la confrontation des êtres, les cellules, des grilles et des points, des non formes qui se répètent en « all over ». Il n’y a surtout pas de centre, ni point de fuite on peut entrer de toute part dans mes tableaux et chaque partie forme le Tout.

Avec mes couleurs  ,j’affronte le vide et repousse mes angoisses indicibles vers le néant.

Rêves d’outremer…

Outremer : au-delà des mers selon un pays défini par exemple la France. C’est le titre que j’avais choisi pour l’exposition que je devais faire à Basse Terre en Guadeloupe au mois de Septembre….J’en ai parlé à mots couverts ici et là sans trop oser dévoiler le projet, il se trouve que je suis superstitieuse. Hélas la superstition n’aura pas suffi à offrir de bons augures à ce chimérique projet. Je peux en parler maintenant  : je n’irai pas au delà de l’Atlantique dans ces iles qui font tant rêver….Les autres.

Pour ma part je suis plus attirée par la Mongolie ,les steppes arides, les landes irlandaises , l’archipel japonais.Tout de même, je n’allais pas cracher sur un si beau projet qui m’a tout d’abord semblé incroyable (je ne mérite pas ça ,moi) qui m’a ensuite occupée près de six mois ,faits de rêveries ,de travail acharné tous les soirs et vers la fin la journée, lorsque l’année scolaire chargée pour moi s’est terminée.Un projet d’envergure avec lequel je devais exposer « moi toute seule » en galerie, une jolie galerie aux murs blancs juste grande comme je cherchais depuis longtemps.un projet mirifique dans lequel j’aurais  fait une intervention pédagogique en milieu scolaire avec des élèves de primaire (j’avais déjà en tète, mon discours sur l’art et sur le fait que nous pouvons tous créer,  pratiquer avec passion pour exprimer nos joies ,nos peines, montrer aux enfants qu’on pouvait peindre avec tout et presque rien, se faire plaisir, se faire du bien que l’on soit riche ou pauvre car nous sommes égaux….j’espérais secrètement qu’il s’agirait non pas d’écoles « de riches « (ces enfants là en France ou en Guadeloupe sont blasés, contrairement aux enfants pauvres des quartiers dits »défavorisés » qui prennent ce qu’on leur offre avec faim ,c’est cette faim qui m’intéresse ,celle du gout de la vie, de s’en sortir et vivre debout)… Un projet qui devait enfin me mettre dans une situation que j’ai déjà vécu une fois à Bruxelles, celle de conférencière (bizarrement je n’avais aucune angoisse à propos de cette intervention au milieu des « miens » ,d’autres artistes ,une historienne de renom dont j’aurais bu les paroles avec avidité: le Paradis sur terre pour une soirée).

Certes, le thème m’a semblé un peu….comment dire « ampoulé »:  « femme métisse ,mère du Monde ». Je me suis dit : -« Et ben ma grande… t’as pas peur du ridicule sur ce coup là! « Ceux qui viennent ici régulièrement me connaissent et savent que je ne suis pas imbue de moi-même, que j’essaie toujours de relativiser ,changer de point de vue pour élargir ma compréhension ,ils savent aussi tout ce que j’ai pu endurer enfant ,adolescente et jeune adulte.Ce qui me rend fragile sous la carapace Ka, ce qui me rend méfiante et parfois si triste à en mourir. Pouvais je vraiment croire à un si beau projet , « vraiment »? Je suis plus habitué aux désillusions, aux bagarres de la vie, aux coups du sort, aux abandons.

Abandon

Et bien voilà ,c’est fait, la semaine dernière alors que je nageais dans mes grands formats à vernir ,à maroufler ,à encadrer (ma mère devait venir pour m’aider tellement je me sentais dépassée, sur le thème de l’art on s’entend avec ma mère ,c’est même le seul sujet d’accord possible entre nous).Alors que je prenais des tonnes de notes  pour la conférence, lisait des livres dédiés, étudiait  la condition des esclaves noirs, mes « frères » de sang. Coup de fil dont je me souviendrai longtemps , coup de téléphone funeste qui mit fin à mes « rêves  » d’outremer (ce titre résonne comme une prophétie): « nous nous désengageons du projet »,…..je ne citerai pas de nom à quoi bon franchement et je n’essaierai même pas de vous expliquer les tenants et aboutissants de cette mascarade c’est absolument sans intérêt. Je voudrai juste dire qu’il ne faut jamais croire les gens qui vous flattent ,vous bercent d’illusions grandioses et démesurées ,mais bon sang je le sais pourtant, je ne sors pas de l’œuf. Mon conjoint était très sceptique depuis le début assez rocambolesque cette triste affaire, jusqu’au malentendu final qui lui fit dire d’un ton sarcastique (comme je déteste avoir tort) :

-« tu vois j’avais raison… »

Tout cela serait risible si je ne m’étais pas autant investi dans le projet moralement ,intellectuellement, et surtout physiquement…Je n’ai pas écouté mon corps je suis restée sourde à ses appels désespérés pour que je me calme, j’ai cessé de dormir tellement remplie d’idées, de notes à prendre, de croquis à finir, vite, vite…

Alors j’ai cessé de manger.

Maintenant je paie la note ,heureusement nous sommes  en été je suis en vacances puisque mon métier officiel est professeur.Depuis quelques jours je ne dors plus mais cette fois ci, à cause de la peine, de la honte aussi d’avoir annoncée mon « triomphe » de manière inconsidérée(et d’avoir demandé et obtenu un dérogation extraordinaire de mon recteur), de la colère aussi…. Mais pas trop. Heureusement je suis bien suivie au niveau de la santé physique, au niveau psy et puis j’en ai vu d’autres dans ma chienne de vie; Il y aura encore des projets je l’espère….Moins importants, dont je ne serai pas le centre et tant mieux. J’ai comme l’impression que ce n’est pas ma place : au centre…

Et finalement ,lorsque j’étais entrain d’écrire le texte de présentation sur mon travail j’ai senti comme une faille, un conflit entre ce que je disais de ce que je suis et ce que je crée , ce que je ressens dans ma peinture et ma place dans ce projet. J’y reviendrai bientôt, j’ai tout loisir de reprendre mon travail de cheval de trait maintenant.

La vie est remplie de surprises, de rebondissements improbables; J’en discutais juste avant d’annuler mon départ, avec un ami, Serge Prioul autre forçat de la création et homme sensible que j’apprécie. Le sens qu’on peut donner à tout ça, remettre du vide pour comprendre…La vie est une pièce de théâtre en plusieurs actes, et des scènes différentes dedans.Basse Terre ce n’était qu’une scène, une scène importante certainement dans le sens ou j’aurais investi une énergie vitale très forte dans cette aventure avortée, une scène qui a failli me faire passer de l’ombre à la lumière certes mais qui m’aura surtout rappelée qu’on ne sait jamais rien ,que nous ne sommes rien.

« un grain dans l’univers » proverbe Dogon.

Tu dois cultiver le chemin de l’humilité et du silence.

je reste l’ourse papillon mais je virevolte en silence dans ma grotte ,non ce n’est pas moi qui virevoltesur une ile ce sont mes couleurs qui s’envolent, s’étirent en forme toujours plus simplifiées, toujours plus pures sous mes doigts c’est de cela dont je dois m’occuper.

Me voilà revenue chez moi.

Carolina Diomandé, 26/07/2015

illustration: « sur une ile » série 1 aquarelles et feutres sur papier à grain verni  date: 2013,cette petite peinture a servi pour faire l’affiche de l’exposition «  »dessins,rêves d’Outremer » ma chimère de 2015.

Samy

samy son histoire

Bon, je suis plombée ce soir ,je préfère me concentrer sur la mémoire, le travail de mémoire pour un pote d’arts….tombé du toit une nuit de pluie…Son histoire fait douloureusement écho à ce qui se passe en France.il voulait créer ici, s’y sentait bien ,était soutenu.Mais ne pas avoir de papiers en règle ronge de l’intérieur il me l’a expliqué: jamais quitter Toulouse,toujours sur le qui-vive, ne pas trouver de travail stable, vivoter, se terrer comme un animal. Samy n’a jamais rien fait de répréhensible…c’était un type habité par l’huile de lin, la dernière image que j’ai de lui, deux jours » avant »… lui, dans la maison de quartier prêtée comme atelier donnant sur la rue, agenouillé et concentré…Tendant une toile sur un châssis de bois, il lève la tète, me sourit, mais moi, je suis pressée :…Saskia,  son bain , le repas à préparer, la vie…Je lui souris moi aussi…Et puis c’est tout,plus jamais vivant je ne reverrai Samy.
je joins son interview paru dans : AUTAN d’accents »mémoire et transmission »; travail collégial édité par la parentèle (fait en atelier d’écriture avec Fred Ducom et des enfants du quartier Arnaud Bernard à Toulouse). Fred est écrivain,poète,fumeur de havanes indocile, et ….tonton de ma fille Saskia.

08/05/2007 blog artistikkkbranleta ,plateforme d’Arte.

9519_samyVoilà ,je rends encore aujourd’hui un hommage à Samy…Ce n’est pas de l’opportunisme non, mais c’est pour moi  l’occasion de dire à nouveau, combien le monde dans lequel nous vivons me dégoute et m’inspire de l’angoisse. J’ai choisi cet article qui date de 8 ans parce qu’il parle d’un pote (je ne vais pas travestir la réalité pour l’art,ce n’était pas un ami proche), un homme de » bien » comme l’on en croise tous sur notre route et qui vous marque à jamais. Je sais de quoi il est mort, et c’est tellement con, tellement dérisoire que cela me met en colère encore maintenant : de ne pas avoir pu vivre ici en France. Est ce ainsi que j’ai envie que mes neveux ,nièces ,élèves vivent ? Non.

Alors, vous allez me dire : » mais de quoi tu parles Carolina, nous sommes tous atteints aujourd’hui dans notre chair parce qu’on s’est attaqué à notre bien le plus précieux, la liberté d’expression »……Alors à cet instant, j’esquisse un pauvre sourire en guise de réponse car j’ai vu, j’ai entendu, j’ai senti dans mes narines sensible les remugles fétides d’un discours caché sous l’indignation générale….Cet amalgame permanent, vicieux entre les musulmans(dans leur ensemble) et cette frange immonde et radicale qui se nomme le terrorisme.

– » putain, Caro, tu délires là, tu fais la fine bouche, c’est super ce qui se passe cette communion :nous sommes tous Charlie.., non ? »

Excusez moi d’en douter. Le doute est foncièrement dans ma nature, il me permet de ne jamais me suffire de la sauce que l’on me tend à grand renfort d’humanisme clinquant et prêt à porter, cette pensée de masse qu’on voudrait me faire bouffer. Ce doute foncier me permet de toujours vouloir aller plus loin dans mes connaissances, mon art. Il me rend vivante,mobile et humaine….et chieuse aussi!

la couleur sauvera le monde?

Oui j’espère…