Viande et Pixel

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imprenable peinture numérique
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« les amants » peinture acrylique
japoon-copie
« japanlova » travail numérique
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« Barbe Rose le baconien » techniques mixtes

Pourquoi? Pourquoi ce mot d’ordre mystérieux? Est ce qu’on peut mélanger de la viande avec des pixels et qu’est ce que ça peut donner comme recette ??

Je prends des notes très souvent sur l’un de mes carnets de recherche et c’est en écrivant un soir que les deux mots sont sortis de ma plume, se sont déposés sur le papier le plus simplement du monde: viande et pixel…Ce cocktail improbable  représente bien mon travail artistique. J’ai relu mes notes et j’ai scandé à voix haute : »viande et pixel » cela m’a fait sourire alors j’ai décidé de creuser autour de ça. Plus le temps passe et plus je dessine les contours de mes obsessions.

Il y a d’un coté la viande, je suis en amour depuis des lustres avec la toile de Rembrandt « le bœuf écorché ». Cet attrait pour le corps humain et par extension le corps de l’œuvre me poursuit, j’aime aller trifouiller dans la chair, derrière les apparences, là ou nous sommes tous égaux devant Dieu: lambeaux de chair, tas  de muscles, tendons, cartilages, cholédoques et intestins.Dans mon travail cela se traduit par une recherche permanente pour le mouvement des corps qui se rejoignent pour essayer en vain de s’unir… Cette tentative désespérée est poignante, elle m’attire depuis 30 ans.  Au confins de l’abstraction je dessine des formes qui rappellent les cellules, les virus, les bactéries.  L’intérieur des corps (tel que je l’imagine) se traduit par des formes qui se répètent à l’infini, opalescences délicates, masses imprécises .La peau des « blancs » me plait parce qu’elle est rose, d’un rose qui m’échappe et qu’on appelle d’ailleurs « chair » en peinture, cette teinte je la fabriquerai les yeux fermés tant j’ai essayé de la retraduire avec mes couleurs…Cette peau laiteuse que je peins ne demande qu’à être scarifiée, lacérée de traits nerveux, estompée fondue .Le corps et ses extensions se molestent avec plaisir en peinture à l’aide de distorsions, découpages, fragmentations, effacements, grattages frénétiques: tout un travail plastique qui m’émeut, me nourrit convenablement, il m’a aidée à dépasser ma peur de mourir, de vieillir.

La viande c’est la vie c’est notre puissance et notre faiblesse c’est notre grandeur d’Être vivant.La viande c’est déjà l’idée de la finitude .Quand Saskia était bébé je contemplais sans fin ses mains fines, ses pieds ronds et lisses comme des petits galets de bord de mer, émerveillée par tant de douceur de perfection. La peau rose (ma fille est blanche donc rose !) de ses petons je l’ai adorée, sachant bien que ces jolis pieds miniatures fouleraient la terre, grandiraient deviendraient « laids » ridés cornés…Moi je ne serai plus.

La viande pour parler du temps qui passe, celui qui me reste sur cette terre, la viande pour nous rappeler qu’on est « mortels », tout petits face à l’infini. Minuscules particules brûlantes de vie et puis plus rien.Ce thème est presque toujours présent dans mon travail, surtout le travail de peinture « réelle »acrylique, cette thématique appelle cette technique là mais pas seulement.Ce serait trop simple…

Quant au pixel me direz vous, pourquoi le pixel?

Parce que la moitié de ma création est faite avec un ordinateur ou une tablette, à l’aide d’applications et de logiciels. J’ai commencé il y un peu plus de 10 ans et je prends toujours autant de plaisir à dialoguer avec mes machines. Loin d’amoindrir ma créativité ce travail me stimule et il est « facile  » à mettre en œuvre. Je n’ai pas toujours le temps de sortir mon matériel pour peindre ou faire du dessin par contre saisir ma tablette mon stylet c’est sans problème que ce soit chez moi dans le train ou ailleurs. Avec cet outil émerge des thèmes différents mais pas toujours …. Je reviens souvent à mes premières amours: la chair par le biais de travaux numériques abstraits,  les « nicht noch sein » formes improbables vaguement corporelles voir sexuelles un peu dégoulinantes parfois érectiles. Sinon je concocte de « belles images »( ce fut ma première obsession d’ailleurs je suis une enfant des années 80 nourrie à la peinture de David Hockney). J’adore travailler dans une démarche Pop  avec des visages inconnus ou iconiques comme celui de Marylin, c’est un peu mon « pop art numérique » et ce travail a du sens pour moi.. Il traite de la communication des médias, du rapport à la profusion d’images de plus en plus éclatantes et parfaites avec le numérique, des images qui circulent à une vitesse folle qui nous inondent d’informations d’impressions, ces images nous gouvernent et travailler avec cette fascination parfois aliénante m’intéresse tout autant que de chercher le pourquoi du comment nous allons tous mourir un jour. Je sais bien que la plupart des gens sont beaucoup plus sensibles à cette beauté « facile »celle de portraits outrageusement colorés et séduisants que je balance sur instagram tous les soirs en »direct live ». Je reviendrai surement sur cette relation intense que j’entretiens avec l’internet.Je me sens comme un DJ d’images c’est féérique.

Quant à la beauté  plus âpre plus cruelle de mes peintures acryliques jusqu’ici elle n’a pas touchée un grand public ce que je comprends. Ces peintures crues ne montrent pas vraiment de prouesses techniques « apparentes » et pourtant elles me demandent mille fois plus de temps et de travail que les mandalas que je génère en recyclant des images que je glane et des croquis que je fais. Elles paraissent certainement « mal dessinées » voir maladroites et simpliste aux yeux du public( le syndrome: mon gamin de cinq ans en ferait autant!!) je le sais .Mais j’ai toujours eu besoin de camoufler mon savoir faire parce qu’il m’ennuie chez les autres et c’est encore pire chez moi. L’important est que « ça tienne », c’est ça qui est difficile et c’est ça qui m’obsède.Vous voulez quelque chose qui ressemble à la réalité : prenez donc une photo!

J’en souffre un peu de ce malentendu… un petit peu. Mais cela ne changera en rien mes projets. »On » m’a dit :-« mais puisque ça plait, pourquoi tu ne fais pas plus de peinture numérique genre pop art ou des mandalas, tu dois faire ce que le public aime, sinon tu ne vendras jamais rien… »

Non.

J’ai un métier qui me fait vivre dignement je n’ai pas besoin de « plaire » à tout prix. Cette attitude de séduction malhonnête je la paierais un jour, d’une manière ou d’une autre  alors je le redis: non!

J’ai besoin des deux pour me sentir bien et exprimer tout ce que j’ai à dire, c’est ça non un artiste? Quelqu’un qui a des choses à dire, à exprimer, à expulser, à partager: moi c’est une histoire de viande et pixel  que je veux vous conter…

Tout l’art,tout l’intérêt sera de mettre ça en forme pour ma future exposition.

de la lumière à la matière

Depuis que je suis petite (je crois que je vous parle souvent de mon enfance….elle fut douloureuse mais riche d’émotions qui me forgent aujourd’hui un mental fort et des goûts très précis) j’aime entrer dans les églises ,pour la pénombre , pour la lumière colorée qui se dégage des vitraux.Je trouve cette qualité lumineuse unique ,elle incendie le cœur et l’ame .Il suffit que je ferme les yeux pour ressentir le bleu des cathédrales unique ,intense que j’ai retrouvé dans la peinture de Van Gogh et dans les monochromes d’Yves Klein….

Mais je n’ai jamais beaucoup peint en bleu avant que mon ami Pixel nous quitte me laissant en héritage la charge de faire vibrer « le bleu ».Et quel plaisir c’est une couleur qui se raconte mal ,qui se vit…En peinture elle peut rayonner ,vibrer  elle reste toutefois matérielle,matière ,couche lisse aussi lisse soit elle cette couche jamais elle n’atteindra les sommets d’incandescence qui lui offre le verre serti de plomb des vitraux.

Et puis il y a eu l’avènement du numérique…. Je m’y suis mise dans les années 2000.Timidement avec une petite tablette de base Wacom et mon premier Mac.Cela tombait bien je n’avais plus d’espace ou installer mon matériel. La peinture numérique ne sent rien ,on n’a pas besoin de nettoyer les pinceaux ,ni de faire sécher les toiles.Tout était dans le ventre de Mac et bien vite dans un disque dur externe parce qu’on ne sait jamais ce que vous réserve un ordinateur même si l’on en prend soin avec amour.J’ai très vite repéré la qualité unique des couleurs électriques  et surtout celle du bleu.J’ai alors entrepris ma première série numérique , elle est composée d’ogresses qui dévorent leur amant,de « nicht noch sein  » improbables ,de formes molles et organiques qui m’attirent depuis » c’est arrivé tout seul » en 1995.J’ai exposé ces « œuvres » sur mes deux blogs d’Arte, artistikkkbranleta et kamera obskura.C’était pour moi à ce moment là , la meilleure façon de les montrer.J’ai considéré ces deux blogs comme une expérience unique de partage dans l’immédiateté d’un médium fluide ,volatile ,électrique ,j’avais une sensation d’excitation très particulière dans cet échange rapide, fulgurant, parfois émouvant.J’ai rencontré la plupart des amis virtuels que j’ai encore à ce jour…Depuis je continue à entrer régulièrement en relation avec d’autres artistes ,des écrivains ,des danseuses.L’internet a favorisé cette ouverture sur le monde j’avais trouvé ma « fenêtre »…pas comme dans la vraie vie.

Le maître mot de l’art numérique est je pense l’interaction , l’échange…Je ne suis hélas pas du tout professionnelle en matière de technologie et cela me frustre beaucoup de ne pas savoir faire de la programmation en Pure data. Du coup je me sens ridicule et complètement « old school » dans ce milieu au jargon tout de même un peu…opaque pour un débutant ou un ignorante comme moi. Alors que faire rester dans la grotte comme d’habitude ou essayer d’imposer mes vues ,celle d’une personne mure nourrie au biberon des beaux arts avec croquis ,dessin,perspective ,peinture ,matière ,contrastes ,volumes et plus encore, une personne qui saisirait l’outil numérique presqu’à rebours en se l’appropriant de manière tout à fait « classique » c’est à dire qui prend son stylet pour un pinceau !!! Qui fait des boulots qu’on pourrait qualifier d’expressionnisme numérique. Pas de bol l’expressionnisme est passé de mode depuis longtemps et moi j’en rajoute une couche en utilisant ce « style » avec les outils du troisième millénaire. Je fais ce que je peux mais je n’ai pas dit mon dernier mot dans ce domaine en vérité le Pure data m’intéresse beaucoup et l’interactivité qui ouvrirait une fenêtre de plus dans mon univers me fait de plus en plus rêver, pour l’instant le dialogue que j’ai avec mes différentes machines me plait énormément.En attendant je travaille sagement mes  fichiers numériques de plus en plus vite en postant de manière quasi instantanée sur mon smartphone et ça me plait.D’un autre coté je reproduis les fichiers que je préfère en moyen format sur papier à l’acrylique pour donner une autre version des faits une version concrète ,ensuite il est encore possible de travailler des détails pour « s’enfoncer » dans l’image…Dans une exposition future mon but serait de montrer les images sur moniteur ,peut – être en créant un vrai « faux blog » pour cela, que les visiteurs pourraient consulter chez eux, avoir envie de venir voir les versions peintes et s’immerger dans un bain de lumière offert par la  projection des fichiers à travers l’espace?? Tout reste à construire et à conceptualiser de manière un peu sérieuse mais je trouve l’idée séduisante, ajoutez à cela la possibilité de tirer gratuitement des copies de mes fichiers au moins le jour du vernissage pour offrir des épreuves des sus dits fichiers et l’on a une réflexion qui s’articule autour du statut de l’oeuvre en ce début de 21 ème siècle…

Je ne sais pas, mais je cherche…

Ci joint trois versions de « SuperMOM » version papier non terminée(format raisin),version smartphone,et version originale fait avec sumopaint ,logiciel en ligne celui ci est l’original…

Amourette?

« De ses chairs molles, j’ai taillé un quartier avec ma belle cisaille, j’ai ri aux éclats et je me suis sauvée ».

Le 17/03/2011 à 14:27 sur le blog kamera obskura, Arte.

 

En ce moment je reprends cette série numérique faite entre 2009  et 2011 pour le blog kamera obskura sur Arte.Je savais bien que ces boulots serviraient à autre chose qu’illustrer des posts… Je prends un grand plaisir à projeter en grand sur le papier ces images, je trace leurs contours au crayon puis je repasse sur ces contours un cerne noir ,j’établis une ambiance colorée de manière libre puis j’éteins le vidéoprojecteur et je me lance.Encore une nouvelle manière de procéder en me servant de traits anciens faits avec la tablette graphique(donc avec ma main libre de faire ce qu’elle voulait), le changement d’échelle apporte quelque chose qui me fait sourire je n’arriverai jamais à vraiment grandir bon sang.Travailler avec ce « pattern » est rassurant et libérateur ,il y a forcément des formes nouvelles qui émergent comme si le dessin numérique explosait sur le support tangible, il passe du statut d’image éthérée à celui de tableau unique concret il entre dans le réel. Ce système de poupées russes me convient et j’ai des idées qui fusent en pleine nuit à ce sujet, je me fais violence pour ne pas me relever!

J’imagine déjà l’exposition des deux voir trois versions d’un même fichier numérique celui ci flottant comme un ectoplasme sur le mur blanc du lieu d’exposition accompagné d’une voix grave la mienne créant du coup un espace d’art total ou le spectateur pourra s’immerger complètement.Je parle au futur ,proche ou lointain cela n’a pas d’importance,j’aime m’imaginer ce que sera demain tout en travaillant aujourd’hui…

C’est  pas grand-chose ,c’est ce que j’ai à offrir au Monde….

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C’est gluant,c’est rose….c’est quoi?

 

Il dit :

« J’ai des trompes ,et j’ai aussi des bras ;j’ai des bites « en veux tu en voilà »…..Oui, on m’appelle La biteballerina, c’est tout, c’est bien comme ça.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Je réponds :

« Ne me demandez pas pourquoi je suis obsédée par ce monstre, il est venu tout seul, il n’a pas de forme définitive, c’est un « nicht-noch-sein  » , et ça c’est plus que sur .

Il, elle avance dans la vie, droit avec en fond un ciel opaque et dru,je ne pense qu’il ait envie de s’arrêter ,il n’a pas besoin de nous parler non plus ,il a tout dit avant , il y a très très longtemps, seul dans son coin , il hurlait silencieusement.

Alors ma bête gluante et rose, elle se venge ;sans espoir aucun.faut bien le dire.elle sort toute crue et toute juteuse,toute sanglante de mon imagination à la fois fertile et drôlement limitée,par le bout de chair que je suis :des os ,de la carne ,des trucs qui suintent ,qui pètent et tout le tremblement ;

Je m’amuse avec peu moi… : Des viscères, un peu de viande, des muqueuses mouillées, des giclures sur le sol qui disent bon dieu, j’existe con, je suis chaude, encore et pour combien de temps ?

Je ne suis qu ‘un corps et celui-ci n’en finit pas de m’épouvanter, de me faire jouir… De m’en faire baver.mais, je ne suis pas dupe car tout ça c’est du vent. »

autoportrait oui peut être ,si…oui surement.

Une fois n’est pas coutume, je reprends une habitude de kamera obskura :ouvrir un fichier quand le cœur est lourd et laisser mon main faire seule son travail d’autant plus libre ma douce , que je ne la regarde pas…

J ‘ai appris une « bonne » nouvelle ce matin, j’avais rendez vous avec mon spécialiste que je ne vois que deux fois l’an. C’est peu, c’est suffisant. Il m’a annoncé que de nouveaux traitements devenaient disponibles pour l’hépatite C, dont je souffre depuis plus de 20 ans et qui me lamine sans bruit. C’est ainsi qu’ agit le foie en profondeur ,discrètement jusqu’à la cirrhose finale ou d’un coup tout va très vite ,ce traitement possède un taux de réussite très important,  j’ai ouvert des yeux immenses ,incrédules. Je ne suis pas habituée aux bonnes nouvelles. Et puis, j’ai déjà testé un traitement lourd il y a plus de dix ans qui n’a pas marché.J’en suis restée là un peu effrayée, distante.La peur au ventre en fait mais qui s’en soucie? Il m’a dit que je ne pourrai pas en bénéficier tout de suite à cause du prix hallucinant de cette cure ,en moi j’ai senti la colère montée, celle des hépatiques qui sont tous de grands colériques jusqu’à en devenir  fous.Pas pour moi la colère, qui ne suis pas trop atteinte, non mais pour ceux qui n’habitent pas l’Europe et ceux qui ici devront « mériter » leur traitement. Ces crevards de labos vont s’en foutrent pleins les poches sur notre dos …Mais qui s’en soucie?

Ma grande tu fais quoi… On est sur un blog artistique ou bien?

Je sais…je sais mais faut bien que je parle à quelqu’un. Saskia n’ a pas trop réagi mais je n’ai pas insisté ,elle se protège par un mini déni mignon ,elle a dix ans…C’est déjà suffisamment lourd sa vie.

Je l’ai annoncé à ma moitié qui n’ a pas réagi, là je l’ai plus mal supporté : le foie vous savez ,ces hépatiques tous des colériques ,des hyper sensibles  insupportables au quotidien. Je lui ai fait remarquer son manque de « réaction » genre me serrer dans les bras me dire: « ça y est ,tu vas te débarrasser d’une vraie saleté celle qui te fatigue le plus »,il m’a balancée « mais tu m’as dit que ce n’était pas pour tout de suite » non c’est pour demain ,dans six mois un an au plus….Il n’a donc pas compris qu’à chaque analyse de mes cellules hépatiques je flippais à mort du verdict qui vient d’un coup :fibrose stade 3 madame ,en gros la bonne vieille cirrhose du foie qui vous mène en deux temps trois mouvements au cancer du sus nommé organe gorgé de sang ,usine centrale qui s’effondre sans possibilité de rémission, il a pas compris que ça fait plus de vingt ans que je n’ose même pas rêver de cette nouvelle là. Alors c’est ainsi ,ce que je vis au quotidien je le vis seule ,dans ma peau ,mes veines ,mes muscles ,mes cellules et tout le reste; Hors donc pour lui et les « autres » en général cela reste purement abstrait la maladie ….tant qu’on l’ a pas….et l’empathie bordel?

Il n’a pas compris que j’avais passé un après midi hallucinant et superlatif,  entre la joie enfantine et la terreur de ne pas faire partie des 90 pour cent de guéris,guéris bordel ,guéris…………. Et que j’ai erré dans la maison en larmes parlant au portrait de mon père ,de mon arrière grand père (ils sont tous les deux morts et très bon public ).

Je lui en veux même pas.Je continuerai à sourire pointu ,un corbeau noir bleuté sur l’épaule, attendant mon tour.J’ai fait ce dessin avec la tablette à l ‘instant, j’en avais terriblement envie, il est fade, horizontal, il est bicéphale comme moi avec deux tètes on se tient compagnie.

enSoiJe suis désolée , je me relis ce matin et mon style souvent haché par nature est ici carrément moche et lourd….je ne change rien c’était mon émotion d’hier;Difficile de penser au style dans l’urgence d’une nouvelle si importante car si je guéris il ne me restera plus qu’un front à mener…..un seul.Noël en juin c’est ici.

Imprenable

Une série de « dessins »numériques,sur le thème de la chair…le premier.

14243_imprenableLe premier d’une série….;Pas vraiment parce que le thème de l’étreinte me taraude depuis très longtemps, les années de fac on peut dire donc à peu près …..30 ans! Sauf qu’ici je prends l’étreinte sous un autre angle psychologique ,avec une autre approche, ce n’est plus l’étreinte « entrain de se faire » si je puis dire,  mais l’étreinte qui ne se fera pas parce que l’un des protagonistes n’est pas ouvert à la proposition charnelle, préoccupé par quelque chose sur le sol (on ne saura pas quoi ,la tète qui n’a pas d’importance est hors-champ). Malgré tout celui ci offre pleinement à voir son postérieur… C’est aussi l’éternelle histoire de ceux que je nomme les hystériques mais pas dans le sens psychanalytique non c’est juste une forme d’amour démesuré de soi qui fait qu’on affiche de manière permanente  une attitude séductrice exubérante,  pour finalement se refuser ,s’esquiver au moment crucial. Cela me parle ,j’ai connu ce type de personnes tous sexes confondus et bien souvent des hommes malgré ce que la morale pourrait nous induire à penser. L’allumeur existe ,excite les convoitises puis se drape mollement dans sa dignité effarouchée.Let’s go!

Voilà pour ce qui est du fond, pour la forme j’expérimentais là des fonctionnalités du logiciel ArtRage qui est vraiment complet et destiné aux peintres et dessinateurs ,on s’y croirait….Tellement que je pense que tous ces croquis numériques faits avec le stylet sans regarder ma main pendant toutes ces années privée d’un endroit pour travailler mon art, m’ont permis de retrouver le chemin du » pur » dessin, celui que j’exerce de nouveau chaque soir et dont je vous parlerai bientôt…J ‘ai beaucoup à dire sur cette métamorphose personnelle ou » comment arriver à cesser de « s’auto-punir » en faisant toujours son travail , son devoir et découvrir le sens d’une vie qui s’autorise un morceau d’azur brulant ,une bouchée de nuage moelleux qui vous tire vers le haut ,vers les aspirations les plus intimes ,et finalement les plus légitimes….non?

Masako, petite bouche grenat, épisode n°5

 

« Je  la regarde, du coin de l’œil, elle se cache au fond de la pièce, tremblante. Je sens  toujours, ses petits os pointus contre ma chair, elle s’est couverte d’un ample kimono .Un kimono tout simple, gris souris, avec de fines, d’infimes rayures argent, elle se terre dans ce coin ombré de la pièce, j’entends son souffle affolé. Je désire cette petite bouche grenat au gout de sang. Limpide Masako, je brulerai ta peau diaphane, livide, sous les rayons lunaires.

Comme je te hais. Viens là… »

30458_vig-homepageJe me sens étrangement sereine aujourd’hui comme si le film de ma vie s’accélérait en s’adoucissant prenant des teintes plus mordorées ,jubilatoire .C’est la raison pour laquelle je ressors ce texte aux accents de pure et délicieuse cruauté.

Parce que l’Art  ce n’est pas la Vie

L’art ment?

Moi je trouve cela plutôt charmant!

D’un bleu…..

 

D’un bleu obscur et fort ,ce bleu m’a fendu l’Âme ,il y a 40 ans ,au musée avec l’école,la nuit étoilée de Van Gogh ,l’église d’Auvers sur Oise pour moi la petite fille aux yeux noirs, juste pour moi….

 

Et je suis restée accrochée à  sa force ,au bord du gouffre.Toute ma vie était là ,dans ce carré bleu hurlant de solitude,d’amour fou;la petite fille arrimée à cette teinte outrageuse,généreuse : l’outremer.

avec un nom comme ça…j’aurais embrassé la maitresse,la peinture elle aussi elle l’aimait.

 

Je le voulais ce bleu,pour moi ,sur mes doigts ,mes pinceaux ,au fond de mes yeux ,dans mon âme aussi. Partout. Pour toujours.

 

La couleur seule dirige toute ma vie.

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autoportrait en petite ogresse assassine sur fond bleu.

étreinte vitale

celle qui vous fait penser que vous êtes effectivement en vie.
j’ai bien dit: « celle qui vous fait penser »…

 

la chair peut être un magnifique leurre.

26403_devoration5J’ai changé mon fusil d’épaule et j’ai le droit .J’ai en partie tué par effacement « artistikkkbranleta » l’emphatique nickname dont je m’étais affublée un soir brulant de solitude.Pensant qu’un tel nom pourrait me protéger du réel ,du vide…Je voulais faire preuve d’originalité je suppose, arborer le détachement du Fou qui ne s’ignore pas, qui de lui même rit sous cape; Montrer son cul pour cacher ses larmes ,mais de guerre lasse je me suis dit que non décidément cela ne me va pas. Je n’en suis pas capable ,pas pour l’instant.Trop « à vif » du sujet ,trop en plein dans la gueule, tout au bord du gouffre toujours noir ,toujours là.Adieu l’artistique branlette on t’aimait bien ….

Évidemment sur les moteurs de recherche je suis encore « nettement » référencée comme la vieille branleuse de service ,celle qui donne: pute généreuse, sans faire payer, mais ce n’est pas grave. Je me moque de ma « net réputation » comme d’une guigne ,les cloaques qui ne se nomment pas sont ailleurs ,dans ma tète bien au chaud. Il n’y a rien de pornographique dans ce qui suinte de Moi , juste une intimité mise en mots,une souffrance organisée,un exécutoire d’opérette avide de plaire. Aussi,  j’ai enfin décidé d’assumer mes petits cacas nerveux colorés ,de signer de mon vrai nom celui de mon Père, de mon ethnie, ce nom que j’aime tant et que je n’ai pas quitté le temps d’être la femme de… (Dominique Canti). J’ai également changé le sous titre, maintenant c’est: « des mots avec des images dedans » car j’aurais je le crains toujours le « cul entre deux chaises » , vacillant entre l’écrit ,le langage ,la culture du Verbe et les images,les traces qui sont plus ces cris muets, explosifs.

Il est plus naturel pour moi d’écrire que dessiner mais je ne peux pas faire l’un sans l’autre c’est comme un éternel dialogue intérieur entre Moi et moi. D’ailleurs pourquoi devrais je choisir ? Personne ne m’a sonné, en tout pas les trompettes de la renommée!

Alors j’ai choisi de vous présenter cette étreinte vitale vert acide, aux dents acérées comme les lames de mon désir permanent. Parce qu’elle est le véritable enjeu de ma vie;et qui si un jour je dois me plier aux lois du « marché » ce sont ces étreintes que je pourrai répéter à l’infini en peinture ,dans mes mots et aussi dans la réalité…Tu  dis  : »il n’y a que le système nerveux  » Francis (Bacon), je prolonge, j’étire, je sculpte ta pensée en disant il n’y a que la chair ,exigeante,désirable ,répugnante, douce ,laiteuse, infantile, rugueuse, poignante,hostile, ployant sous les coups de boutoir de l’éternel désir.

Rien d’autre ?

Si….Je crois que l’Ogresse revient.