Deux ans sans écrire sur le blog… Deux ans d’hibernation. Pas de regret c’est déjà arrivé, ça arrivera encore. La création est tout sauf un long fleuve tranquille. Il faut s’appeler Monet Picasso ou Matisse pour tracer son sillon sans relâche et encore je ne sais pas, peut être qu’ils ont eu des doutes des peurs, des zones grises, Claude Monet n’était jamais satisfait c’est un fait connu. La peur viscérale de perdre le fil, cela doit arriver aux plus grands.
Alors à une brindille pensez donc !
Deux ans à réfléchir, rêver, prendre des notes, râler déchirer, fuir le vide. Mais le vide c’est aussi la vie, il faut savoir laisser les choses maturer doucement. J’ai du mal. De plus, mon existence a pris un cours nouveau. J’ai regardé le crâne de verre sur mon bureau: Vanité … Je ne supporte plus de vivre en tendant vers un but improbable voir impossible. C’est tout simplement passer à côté de sa vie, la vraie celle qui est tangible. Je n’ai plus le temps d’en perdre.
Alors j’ai fait un grand pas de côté : la pratique artistique devenait un sujet non plus majeur mais contingent. J’ai ouvert les yeux et j’ai vu tout ce qui était enfoui en moi.
Cela a tout bouleversé, mon équilibre interne certes fragile mais immuable, mon phare dans la nuit, ma vie a pris une autre saveur moins égocentrée plus ouverte plus libre et vaste de potentialités. J’ai toujours aimé plus que de raison le monde animal et le monde végétal ; il y a bien longtemps que je fais des câlins aux arbres, que je pleure si une plante que j’apprécie meurt. Cet été mon vieux pied de lavande certainement planté par la grand mère qui habitait là avant moi, un gros pied tout en hauteur qui n’a pas été taillé convenablement et qui s’est hissé vers le ciel m’a quittée. Certainement épuisé de faire monter sa sève du tronc aux branches, et puis cette sécheresse assassine. Il est mort, j’ai caressé ses vieilles branches tortueuses toutes sèches avant cela il m’a offert une dernière et maigre floraison toujours aussi odorante. J’ai gardé son bois et ses fleurs d’adieu. Quand je passe devant l’endroit ou il était planté je suis très émue.
Voilà. Je ne parlerai pas des chats des chiens des oiseaux des lézards… Ce n’est pas le sujet d’un blog d’art.Tout ça pour dire que la vie prend des tournants insoupçonnés rien n’est jamais acquis ou définitif: Une seule constante le changement.
Malgré tout l’an dernier en décembre j’ai exposé de l’artisanat (art modeste) avec une amie de très longue date que j’ai retrouvée (30 ans de séparation… La vie ) ma chair Catherine. Aux « Lunes Nomades » une jolie galerie près d’Ambarès et, surprise j’ai bien vendu. Cela m’a réconfortée, j’ai compris que l’art avec un grand A n ’était pas de saison. Et voilà ma vieille frustration qui s’est réveillée: j’aurais préféré faire les arts décoratifs plutôt qu’arts plastiques. J’imaginais depuis ma petite enfance devenir créatrice de bijoux ou de chaussures, styliste ou encore décoratrice d’intérieur. Je passais mon temps à dessiner des intérieurs, des modèles de robes c’était l’exaltation. Je n’envisageais pas devenir peintre. Je n’ai jamais pensé en avoir l’envergure. Je ne nierai toutefois pas mon gout exclusif pour l’art au sens large du terme, l’histoire de l’art surtout, la beauté et la laideur sublimées, la danse, la musique. Tout cela m’inspire encore de manière totale, c’est toute ma vie. Ce sera toujours le cas.
Catherine suit également cette approche de plasticienne artisane(pour le moment hein, rien de définitif), elle utilise sa formation pour créer des objets poétiques lisses comme des galets, l’art subtil de la céramique, du biscuit. Comme moi avec ma broderie mes tissages, mes teintures végétales qui sont autant d’expériences magiques et surprenantes.L’exposition VDf m’a durablement touchée, l’art textile me sied bien, mieux que la pratique de la peinture qui me fait souffrir, ne me satisfait jamais.
Venons en aux faits, elle est pleine d’énergie Catherine et elle a souhaité travailler sur un projet avec moi. J’ai dit oui sans hésiter, se faire embarquer pour Cythères c’est trop tentant. J’ai toujours aimé les collaborations, les expositions à deux trois et plus si affinités. Souvenir ému de la période folle des Loukoums Rebelles.
Alors nous voilà à Uzeste cet été en période de festival, à exposer dans un lieu minuscule et atypique : une boulangerie galerie coopérative un peu anarchiste! (c’est la couleur de ce village surprenant). Bonjour Monsieur Bernard Lubat.
Un truc improbable comme un essai pour une autre fois, un autre lieu… Mais ça m’a remise en marche il a fallu que je travaille sérieusement sur la série de bijoux communs, en l’occurrence des broches faites de céramique blanche et de tissus, brodées aux couleurs végétales toutes douces: Elle et moi réunies dans le bonheur du « faire » à quatre mains.
Créer sans se mettre la rate au court bouillon, c’est quelque chose de merveilleux.